Je l’avoue,
j’ai un petit faible pour les films d’horreur démoniaque des années 60/70. Rosemary’s Baby, The Omen, The Exorcist…
Je ne me souviens plus des circonstances qui ont entouré mon visionnage initial
de L’Exorciste mais je repense
souvent au film dès que je croise une montée d’escaliers dans une ruelle ou
quand quelqu’un m’enjoint d’aller sucer des bites en enfer. C’est ancré en moi.
Il existe tout un tas de films gores qui déploient des tas d’artifices pour
essayer de me filer la trouille et qui ratent leur coup car ils sont le plus
souvent grandguignolesques, mais foutez moi Tubular Bells en trame
sonore d’un plan mal éclairé et j’ai illico des frissons qui me parcourent l’échine.
C’est pavlovien.
Initialement,
il était prévu de faire un refaisage du film de 1973, mais le projet s’est
vautré et quelqu’un a eu la bonne idée d’en tirer une série télévisée faisant
suite au film (car on s’entend que The
Exorcist II et The Exorcist III
n’ont jamais existé).
Et donc
dans le Chicago d’aujourd’hui, un prêtre mexicain bon comme le bon pain (père
Tomas) travaille d’arrache-pied pour servir sa communauté. Sa paroisse est
pauvre, mais il est plein de bonnes intentions. Certes, il est encore amoureux
de son ex, toutefois ses supérieurs voient en lui une étoile montante du
diocèse. Et sa grand-mère a toujours vu en lui le futur premier pape mexicain. Tiens,
d’ailleurs, juste comme ça, le pape est sur le point de visiter Chicago. Tout
irait bien dans cette église décatie, si ce n’est qu’une riche paroissienne de
Tomas est inquiète : elle a le sentiment qu’une de ces deux filles n’est
pas juste dépressive (elle a survécu à un accident de la route il y a quelques
mois mais a perdu une camarade à cette occasion) mais qu’il se trame autre
chose dans cette maison. La mère de famille est propriétaire d’un riche hôtel
en ville, son mari souffre d’un traumatisme crânien… Père Tomas se fait donc un
devoir d’aller chez eux pour les réconforter. Sauf que, bien vite, le prêtre
comprend que ce qui se trame dans cette famille dépasse ses compétences de simple
distributeur d’hosties. Heureusement pour lui (et pour le scénariste), des
visions vont le mettre très vite en contact avec Père Marcus, un exorciste
irlandais bien rugueux comme il faut. À partir de là, ils vont faire une belle
tripotée de jets de Volonté.
On est là
dans un cadre extrêmement classiciste : des prêtres ayant leur propre
démon intérieur, la lutte du Bien contre le Mal, la corruption de la chair, les
secrets de famille, la tentation de céder à la facilité… Aucun de ces
ingrédients ne vous surprendra. Pire, tout cela est éminemment prévisible.
Surtout pour des rôlistes, le plan démoniaque est d’une telle évidence. Mais ce
que la série manque en innovation, elle l’offre en efficacité. Les scènes d’exorcisme
sont l’incarnation du déjà-vu, mais elles fonctionnent. Les twists sont parfois
téléphonés, mais ils ne trahissent jamais le propos et l’ambiance. Les liens
avec le film sont bien présents, même s’ils impliquent leur lot d’invraisemblances
scénaristiques. Et les 10 épisodes de la première saison offrent juste ce qu’il
faut de suspens sans étirer inutilement la sauce.
Le résultat
n’est objectivement pas extraordinaire. Mais à l’instar de Stranger Things qui joue pile-poil avec la nostalgie geek, The Exorcist titille adroitement une de
mes cordes sensibles. On n’y voit pas Arnold Schwarzenegger dessouder le diable
à l’arme lourde dans les dernières heures de 1999. On est plus dans l’ambiance
de L’Associé du Diable avec Al
Pacino, Charlize Theron et Keanu Reeves. J’ai frissonné d’effroi pour l’âme de cette
jeune fille. J’avais beau deviner les véritables intentions du démon, je me
suis investi émotionnellement dans cette histoire. Alors, certes, The Exorcist n’a pas la même charge
transgressive qu’en 1973. On ne manifeste pas devant les cinémas qui le
diffuse. Ça ne crée pas d’hystérie collective. Mais ça reste un récit puissant.
Sans doute que des spectateurs plus jeunes trouveront le résultat trop « à
l’ancienne », mais c’est la beauté de la production télévisuelle actuelle :
il y en a pour tous les goûts.
Évidemment,
c’est du pain béni pour du Urban Shadows, Monster of the Week, Supernatural… Et
une œuvre de référence tout ange de Joseph qui se respecte. La saison se
termine de manière satisfaisante et laisse présager une suite qui est
actuellement en cours de diffusion.
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