The Haunting of Hill House



The Haunting of Hill House est série Netflix d'horreur d'une redoutable efficacité. Elle raconte une histoire sur une double temporalité puisqu'on suit une famille qui rénove une maison hantée dans les années 80 puis les membres de la même famille 25 ans plus tard. On sait dès le départ que les rénovations se sont mal passées et que ça s'est terminé en catastrophe par la fuite du père et de ses 5 enfants. Le plan initial était pourtant sans faille : les parents avait acheté l'antique maison de la famille Hill pour une bouchée de pain et devaient passer l'été pour la rénover avant de la revendre au plus offrant. Évidemment, les enfants sont les premiers à remarquer que quelque chose cloche dans la sinistre bicoque, qui semble tout droit sorti d'un scénario d'introduction de l'Appel de Cthulhu. Les parents ignorent la peur panique des gamins, jusqu'au moment où il est impossible de se méprendre sur l'influence morbide de la maison Hill. Mais il est un trop tard.

Et bien plus tard, on retrouve tout ce petit monde, qui a mal digéré cette tragédie. L'une est devenu propriétaire d'une maison funéraire, l'autre pédopsychiatre, l'un auteur de roman d'horreur, l'un drogué de fond de ruelle et la dernière paumée de la vie. Quand au père, il paye le prix fort car il n'a jamais voulu raconter la vérité sur l'épisode tragique qui l'a forcé à abandonner son épouse dans une maison effrayante. Et évidemment, House Hill se rappelle à leur bon souvenir via une nouvelle tragédie qui oblige la famille dispersée à se retrouver. Et c'est l'occasion pour toutes les failles relationnelles de craquer et d'ébranler cette famille qui n'arrive pas à tourner la page.

Très franchement, tout dans cette série a déjà été vu mille fois. La maison Corbitt Hil est l'archétype du manoir hanté, les apparitions sont elles-mêmes très classiques, je ne peux vraiment pas dire que j'ai été surpris par les ingrédients de base. Mais j'ai eu l'impression d'assister à une série qui prend le meilleur de ce qui s'est fait dans ce domaine. C'est bien fait, on sait à l'avance comment ça va merder en beauté, mais on veut quand même assister à l'accident. Et l'alternance des points de vue entre les gamins plein d'avenir et ces adultes fragiles vous oblige, par empathie, à suivre cette histoire. On est impliqué, émotionnellement. Ils sont attachants.

Mon seul reproche, ce sont ses éternels jump scares. On dit que ce n'est pas parce qu'on rigole que c'est drôle. Et bien c'est pareil dans les films d'horreur : c'est pas parce que je sursaute que c'est effrayant. Il y a des tas de choses qui m'ont foutu les miquettes dans cette série, et c'était rarement les effets grand-guignolesques. La veillée funèbre et ses 4 plans séquences m'a tenu en haleine. La révélation sur la nature de la Chambre rouge m'a pris à la gorge. La quête de sobriété du junkie était bien plus bouleversante que l'apparition des monstres.

Ce n'est pas lovecraftien au sens littéraire, on est plus dans la tuyauterie qui grince dans les murs, les secrets familiaux inavouables et la lente érosion de la SAN. Mais ça reste un modèle du genre. Parce que oui, 5 enfants qui partent à la découverte d'un manoir le temps d'un été, c'est quand même un parfait pitch de scénario. Mais quand en plus le MJ s'amuse à osciller entre cet été de rénovation et leur vie d'adulte à jamais traumatisé, ça prend une tournure vraiment excellente.

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