Bon, je l'avoue, j'ai toujours un peu dédaigné Pugmire par snobisme. Une version de D&D où l'on incarne des chiens ? Pouah. Et puis il y a peu, je suis retombé sur Les Légendes de la Garde, où l'on incarne des souris. Pourquoi je m'enthousiasmais pour l'un et ridiculisais l'autre ? Puis j'ai vu ma fille jouer avec le chien des voisins, et je me suis dit qu'il était temps de donner sa chance à ce jeu.
Nous sommes dans le futur, et l'humanité a disparu sans trop d'explication. Les chiens ont remplacé l'homme et vivent grosso modo dans un moyen-age magique avec des magiciens, des épées et des donjons. Pugmire est le nom d'une cité où tout les chiens de bonne volonté sont les bienvenus. Ils ont un code morale basé sur la figure tutélaire de l'Homme : il faut être un bon chien. Et ça veut dire être solidaire, courageux, curieux et empathique. Bref, toutes les qualités d'un aventurier loyal bon. Car le monde est rempli de danger, et puis il y a d'autres races qui menacent la paix des chiens : les blaireaux, les rats... Et surtout ces individualistes de chats, avec qui les chiens ont été longtemps en guerre. C'est une époque d'aventure où il convient d'explorer des ruines, repousser des monstres, fonder de nouveaux villages, cartographier l'inconnu, repousser des menaces étranges... Bref, tout est en place pour du jeu de rôles medfan archétypal mais efficace.
Côté mécanique, c'est du D&D5 simplifié. Il n'y a que 10 niveaux, pas d'alignement (puisqu'on incarne un bon chien-chien), pas de liste de prix... Ça s'adresse à des enfants, donc les auteurs ont coupé dans le gras. Pas assez à mon goût : ils ont gardé le bonus de maîtrise et les jets de sauvegarde, y'avait encore place à la simplification. Mais un pour un vieux briscard, c'est super facile à prendre en main car c'est du déjà-lu. Évidemment, les classes ont des noms plus canins : on n'incarne pas un barbare mais un chien errant. C'est pas un ranger, c'est un chien de chasse. Idem, les races habituelles sont remplacées par les races de chien : chiens de compagnie, chiens de bergers, bâtards... Le tout donne une tonalité très positive et moins absurde que je l'imaginais de prime abord. Il n'y a pas de jeu de mots genre "Magichien" ou "Nécromanchien", le jeu se prend au sérieux. Et ça fonctionne : il est aisé d"imaginer des aventures où les PJ sont motivés par des valeurs altruistes et l'envie de botter des culs dans des donjons inquiétants.
Ce n'est absolument pas un jeu que je dégainerais pour des adultes car j'aurais alors l'impression d'imiter Alain Chabat quand il incarne Didier. Mais avec des gamins, je suis sûr que ça fonctionnera tout seul car un guerrier berger allemand ou un magicien labrador, c'est tout de suite porteur d'imaginaire. Si le noble du village est un carlin, on peut aisément le décrire, la langue pendant, les yeux incapables de se fixer sur son interlocuteur... Il est également facile d'utiliser la réputation des chiens dans notre environnement pour la recycler dans un contexte medfan. Tout le monde a peur des pitbulls ? Alors partons du principe que c'est une famille de chien crainte par tous. Il faut partir au nord ? Voici donc une communauté de Malamute. Les PJ sont piégés quelque part ? C'est le bon moment pour faire débarquer un St-Bernard.
De même, il est aisé de convertir des scénarios medfan classiques en leur donnant un habillage canin. Le chef de la garde devient un doberman. Les voleurs sont des corniauds... Et dès que vous avez besoin d'une machination, les chats entrent dans la danse. Je ne dis pas que je jouerais à Pugmire pendant 10 ans, mais s'il pleut pendant les vacances et que vous avez besoin d'occuper votre progéniture, c'est un sérieux candidat pour amuser toute la famille. Non, mais imaginez un peu : un magicien qui mange systématiquement les parchemins qui traînent. dans son laboratoire. Ou alors un chat qui doit se sortir d'une mauvaise situation et qui jette un morceau de chocolat à ses adversaires (jet de sauvegarde contre le poison !). Ça s'écrit tout seul...
Bonjour Monsieur Ferrand, Je souhaiterais m'entretenir avec vous à propos de Post-Mortem, pouvez-vous me contacter par mail à posidoniaeditions@gmail.com
RépondreSupprimerBien cordialement,
Philippe Jaillet