(Nota : Contrairement à Cédric, je n'ai pas vraiment apprécié ce Tales from the Loop. Je vous renvoie à sa chronique pour une vision bien plus positive de la chose.)
Je n'étais pas initialement client du JDR Tales from the Loop. A cela deux raisons essentielles : d'une part le thème consistant à jouer des gamins des années 80 qui découvrent des mystères façon goonies ne me parlait pas trop, d'autre part les jeux aux systèmes dérivés de Mutant Year 0 ne sont pas de grands succès jusqu'à présent. Alors pourquoi l'acheter ? Bonne question. J'ai eu de très bons échos de la série TV, ce qui m'a fait envisager le jeu sous un angle nouveau. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié la série, mais j'en reparlerais ailleurs.
Une manière de synthétiser mon ressenti sur le jeu c'est de dire qu'il est schizophrène à plein de niveaux. Le cul entre deux chaises. Ca veut aussi dire qu'il y a là quelque part une moitié de jeu qui pourrait me plaire. Mais elle est systématiquement dénaturée par cette autre moitié qui n'est soit pas à mon goût (ça arrive) soit franchement mauvaise.
Commençons avec le thème du jeu lui-même. Au coeur, c'est Les Goonies RPG. Des mômes se baladent et découvrent plein de bizarreries sans queue ni tête que les adultes ne croiront jamais. Des dinosaures qui se promènent dans les îles de Suède, des virus informatiques qui infectent les humains... Mais le jeu n'est pas présenté comme tel, comme s'il n'assumait pas son côté loufoque, qui ne se reflète jamais dans les fameuses illustrations de Simon Stålenhag qui illustrent le jeu. On a donc l'impression d'un jeu qui reflète l'esthétique et les thèmes de la série TV (des choses étranges mais feutrées se passent, conséquences d'expériences scientifiques mal maîtrisées) mais la suspension d'incrédulité est réduite en éclats par les quatre scénarios de la campagne. Est-ce que ça peut se rattraper ? Sûrement, mais ça demande du boulot et de l'imagination, parce que le bouquin ne présente pas grand chose en termes de "bizarreries crédibles". Cela dit, c'est une question de goût, il y a plein de gens qui ont aimé les Goonies.
Conceptuellement le jeu a aussi le cul entre deux chaises. Il se présente comme un jeu bac à sable, mais le bac à sable proposé est particulièrement maigrichon et clairement insuffisant pour lancer quelque chose d'un tant soit peu ambitieux. Et les quatre scénarios proposé (qui en termes de pagination sont au moins à trois fois la taille du bac à sable) sont d'un classicisme et d'un dirigisme comme j'en ai rarement vu depuis les années 90. C'est la première fois depuis très longtemps que vois un scénario écrire noir sur blanc "Les personnages ne PEUVENT pas faire ça." Aucune explication autre qu'un implicite "le scénario serait alors trop court". Comme en plus les aventures sont focalisées sur les loufoqueries sus-mentionnées qui ne me parlent pas... Est-ce que ça peut être corrigé ? Oui, mais encore une fois avec beaucoup de travail. Il faudrait réécrire et étoffer le bac à sable en y injectant beaucoup d'élements et d'idées qui ne sont pas dans le bouquin.
Enfin, mécaniquement, si le système prétend avoir un impact sur le jeu, c'est surtout un système de simulation avec pas grand chose en plus. Mise à part la mécanique su "climax" qui permet aux personnages de faire des actions héroïques lors de la scène finale d'un scénario, il n'y a pas grand chose pour émuler le genre. Une fois encore, facile d'utiliser autre chose à la place ou d'adapter/modifier (il est par exemple surprenant que les relations des personnages n'aient aucun impact mécanique). Mais c'est du boulot en plus. Et je dois dire que je suis un peu irrité que Fria Ligan ne comprenne pas après 5 ou 6 jeux que leur système tournait pour Mutant Year Zero mais n'est pas vraiment adapté à leurs autres productions.
Bref, vous l'aurez compris, Tales from the Loop est une déception pour moi. Bien sûr, je n'étais pas complètement acquis à la proposition au départ, et je reconnais qu'il y a des choses qui me plaisent dans le jeu, mais pas assez en l'état pour que je sois disposé à faire l'effort de le transformer en quelque chose qui me plaise réellement.
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