Chicago by Night


Et donc, fort logiquement, pour continuer sur la vague nostalgique de la 5e édition de Vampire, j'ai attaqué Chicago by Night, la cité emblématique de la gamme. L'Appel de Cthulhu a Arkham, Cyberpunk a Night City, Raôul a le camping des flots bleus... C'est supposé être le ville iconique qu'on adopte en tant que terrain de jeu prémâché ou bien dont on s'inspire pour peupler une autre mégapole de vampires. La barre était donc haute.

Pas de bol, le bouquin de 357 pages débute par 35 pages de nouvelles et autres textes d'ambiance. C'est comme ça, c'est la tradition : on ne peut y couper. Et ces nouvelles ou vignettes vous balancent plein de noms et de bouts d'intrigue à la figure, à demi-mots. J'ai cru reconnaître quelques noms que je n'avais pas entendus depuis plus de 25 ans, mais je n'ai rien compris aux sous-entendus. Et j'ai alors compris que le bouquin ne s'adressait pas à un lecteur de mon acabit mais à celles et ceux qui connaissent leur Chicago nocturne sur le bout des doigts. On y a fait des clins d'œil à de vieilles intrigues du metaplot, on glisse un détail sur un PNJ d'antan, et donc quand on a décroché depuis longtemps comme moi, c'est imbitable. Mais hey, c'est pas grave, ce n'est que 1/10e du livre, c'est juste l'amuse-bouche.

Les 10 pages suivantes vont me permettre d'entrer dans Chicago par la petite porte. Ah ben non : elles sont plutôt consacrées à un événement politique : les Lasombra intègrent la Camarilla. Et c'est une situation diplomatique super riche, je ne dis pas, mais c'est absolument pas le sujet du bouquin que j'ai acheté. Moi je suis là pour une description de la ville et de ses habitants vampiriques. Je comprends le besoin de faire progresser l'univers de jeu en intégrant des événements marquants, mais pas en ouverture d'un city book.

Il faut donc attendre la page 47 pour commencer à avoir des infos concrètes sur Chicago. Et ça part bien, franchement, avec cinq vérités et cinq mensonges sur la ville, je sens qu'on est enfin lancé... Et non, à peine entamé, la description de Chicago est parasitée par l'ajout de nouvelles règles pour attribuer des caractéristiques au quartier où les PJ vont vivre. On devrait être en train de me vendre le décor urbain de ma vie sauf qu'à la place, je me tape du crunch. Grrr. Arrive enfin la description des quartiers, mais elle est expédiée en deux coups de cuillères à pot : forcément, toute la place a été donnée jusqu'alors à des trucs insignifiants. On se retrouve avec des généralités sur tel secteur de la ville, une explication sur la réouverture récente du Succubus Club qui avait pourtant été fermé dans les années 90, mais absolument aucune idée de la topologie des lieux à part des "tel quartier est plutôt occupé par les Malkav, et là-bas il y a des loups-garous...". Et d'ailleurs, les illustrations ne représentent pas les bâtiments caractéristiques de la ville.

Et d'un coup, paf, on attaque la description des PNJ. Comme ça, sans chronologie permettant de savoir qui était le précédent prince et ou ce qui a marqué la ville. On fait des allusions à des événements (donc un assaut des lupins dont je crois me rappeler sous le nom Under a Blood Red Moon, mais ça aurait été cool d'être plus explicite), mais encore une fois, on s'adresse à des initiés, absolument pas à des néophytes. Maintenant, il y a une cinquantaine de PNJ décrits, il y a de quoi peupler les nuits de Chicago de personnalités vraiment marquantes. Je ne vais bien sûr pas les passer tous en revue, mais m'arrêter sur celui qui symbolise, à mon sens, le mieux mon inconfort.

Kevin Jackson. C'est le nom du nouveau prince de la ville. Alors oui, le prénom Kevin n'évoque pas les mêmes choses à Chicago et à Lille, je ne vais pas leur reprocher ça. Mais bordel, le prince de la cité possède un nom générique au possible. Je vais encore passer pour un vieux con, mais des noms de prince comme Modius ou Lodin, ça vous posait un personnage. Y'avait du gravitas dans le patronyme, on sentait qu'ils en avaient vécu, des trucs, avant de poser leur cul sur le trône. Là, avec Kevin Jackson, tu n'as pas l'impression de faire partie d'une clique vampirique ayant influé sur le monde depuis toujours mais de participer à l'assemblée générale de la MJC. Ou alors c'est un choix fait à dessin pour désacraliser le titre de prince, pour montrer que ça peut-être le premier Joe le plombier venu qui s'y colle. Mais non, ce n'est pas ce qui transpire de la description du PNJ en question.

J'avais très envie de retomber en amour avec le Chicago vampirique de ma jeunesse, mais la mayonnaise n'a pas pris. Honnêtement, ce n'est pas la faute du supplément, qui offre une jolie palette de PNJ et d'enjeux. Le hic, c'est que j'ai voulu lire ce bouquin d'un coup, et que c'est étouffe-chrétien. Évidemment qu'il n'y a aucun MJ au monde qui fait vivre tous ces PNJ en même temps : il faut picorer dans le livre en fonction des besoins de la table. Mais justement, si on approche Vampire comme un jeu en bac à sable, la présentation de ses habitants vampiriques classés par clan ne fait pas de sens. Plutôt qu'un historique, j'aurais aimé avoir des conseils pour utiliser tel Ventrue comme antagoniste ou comme allié. Au lieu d'une image fixe, je pense que j'apprécierais des personnages qui peuvent être adaptés en fonction des besoins du MJ. Là, c'est une chouette collection de résidants de la nuit, mais boudiou qu'il faut de la ressource mentale pour se souvenir de tout ces infos et arriver à mettre de la vie dans ces profils. Les complots sont éparpillés, ça manque cruellement d'une vue transversale. Je vais insister avec le supplément qui aborde Londres car c'est un gros scénario, mais en l'état, je ne m'imagine pas jouer dans Chicago. J'ai l'impression que le supplément s'adresse au rôliste que j'étais il y a 30 ans, mais je ne suis pas nostalgique au point de jouer comme à l'époque.

Commentaires

  1. London Falling est une campagne, pas un guide urbain. Et elle a les mêmes défauts que tu reproches à Chicago : il faut bac + 5 en histoire du Monde des ténèbres pour piger ce qui s’y passe.

    Sinon, en complément au gros étouffe-chrétien chicagoan, il y a deux autres bouquins, les Chicago Folios et un autre dont je ne me rappelle pas le titre...

    RépondreSupprimer
  2. L'autre supplément s'appelle Let the streets turn red, il s'agit de plusieurs scénarios dans les alentours de Chicago (mais pas à Chicago directement). Il présente d'ailleurs l'état actuel de Gary, le célèbre point de départ de Vampire.

    Par contre, je ne comprends pas la critique de Cédric : Il y a un scénario dans Chicago by night, centré autour de l'entrée des Lasombras dans la Camarilla.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est ma faute : je me suis endormi sur les PNJ, je n'ai pas vu le scénario. Je vais modifier ma critique.

      Supprimer
  3. Ah super, j'ai hâte. merci pour l'info. j'ai lu de très bons avis de lecteurs qui lisent la VO. J'ai été déçue du dernier tome alors j'espère que celui-ci va me replonger dans la meute! - Avalon Blossom

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire