Mausritter, hexploration OSR

Mausritter est un jeu qui existe sous une forme ou une autre depuis quelques temps maintenant (NdlR : on vous en parlait déjà ici). Il a même eu l’honneur d’une VF – de ce que j’ai pu en comprendre, son contenu est le même que la récente réédition VO dont je vais vous parler, sous un emballage légèrement différent.

Comme son nom l’indique, il s’agit d’un jeu d’animaux anthropomorphiques (un sujet bien à la mode : les Légende de la Garde, Historia, Pugmire, Blacksad…) dans lequel les joueurs incarnent des souris aventurières dans un environnement médiéval-fantastique.

Cette édition prend la forme d’une très jolie boite A5 en carton bien solide qui contient un livre de base couverture rigide intérieur noir & blanc, un écran, un scénario, divers accessoires dont des planches de pions d’équipement et d’état, un bloc de feuilles de personnage, une fiche de suivi pour le MJ effaçable à sec et même le feutre qui va avec.

Le livre de base tient en 44 pages, et c’est clairement une force du jeu. Les règles s’inscrivent dans une veine OSR minimalistes. 3 caractéristiques (il faut faire moins que leur valeur avec 1d20), des points de protection, un équipement et zou. Les combats ? Facile. Il n’y a pas de jet d’attaque, on lance directement les dommages qui s’appliquent aux points de protection puis à la caractéristique de Force – avec un risque de prendre un état blessé au passage.

Ce dernier, comme tous les états négatifs, prend la forme d’un pion à placer sur un emplacement d’équipement, ce qui limite la capacité de transport de la souris. Or l’équipement est vital, ne serait-ce que des rations et des torches, et comprend aussi les trésors qui sont convertis en points d’expérience une fois ramenés en lieu sûr. Ce principe d’attrition fonctionne à merveille, mais rend clairement le jeu très mortel à petit niveau.

Pour le reste, le bouquin couvre l’avancement, les sorts, les suivants, la gestion des rations… Ce qui laisse encore la place de fournir un bestiaire, des conseils et tableaux aléatoires pour le MJ et même un petit contexte/scénario de départ.

Pour ce dernier, Mausritter adopte la mode de l’hexploration bac à sable. Le livre de base propose un contexte de base décrit en deux pages, et un premier « scénario ». La boite comprend un autre scénario plus conséquent au format type de la gamme – un dépliant de 3 volets cartonnés décrivant les lieux, les PNJ et tout un tas de tables aléatoires.

Mausritter est une réussite de synthétisme : avec tout ça, j’ai pu meubler trois séances de 3h avec un minimum de préparation, et j’aurais probablement pu tenir le double. Il a suffit de me laisser porter par les exemples fournis et les tables aléatoires. Entre la progression des PJ et celle du contexte – il y a un petit système de gestion des factions, de leurs objectifs et de leur évolution dans le temps - il y a d’ailleurs quoi tenir sur la durée.

Je n’ai que deux petites récriminations. La première, anecdotique, concerne le matériel. Les pions prédécoupés sont en carton un peu léger. Il est surtout difficile d’écrire au crayon à papier dessus. La seconde porte sur les personnages eux-mêmes. Comme il n’y a pas de système de classe ou équivalent, et que leur progression est aléatoire, les PJ se ressemblent beaucoup. Seuls quelques éléments de contexte et l’interprétation les distinguent vraiment.

Rien d’insurmontable donc : pour tout le reste, je suis conquis !

The Estate

Une seconde boite est disponible pour compléter celle de base. Il s’agit d’un contexte complet tournant autour d’un manoir (aux dimensions d’un humain, pas à celles d’une souris !) et des recoins de son vaste jardin. Outre des pions supplémentaires et une carte dépliable, elle comprend un livret d’introduction qui décrit la principale ville-souris et 12 « scénarios », qui décrivent donc 12 des 19 hexagones de la carte – toujours au format d’un dépliant cartonné 6 volets.

Il y a un peu de tout là-dedans. Du très classique, du classique revisité à taille souris, de l’original. Il y a de quoi s’occuper une campagne complète dans cet environnement, malgré un signage des plus faible. Ce matériel montre donc les mêmes qualités de synthétisme que la boite de base.

Une dernière remarque, s’il fallait vraiment chipoter, concerne le prix, 50€ environ pour chacune des deux boites. Vu la quantité et la qualité moindre des pions, c’est assez cher. Mais c’est sans aucun doute un mal nécessaire pour permettre à un tel produit de niche d’exister. Et puis je n’ai pas lu beaucoup de jeu ces dernières années qui me paraissent autant jouables, et que je n’hésiterais pas à sortir du placard pour être utilisés pour de vrai. Et ça, ça n’a pas de prix.

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