Les marins ne savent pas nager, de Dominique Scali

 

 

Je viens de terminer "Les marins ne savent pas nager" de Dominique Scali et je flotte encore (c'est le cas de dire) sous son charme salin. Ce roman, c'est le meilleur de la littérature de l'imaginaire: une évasion de tous les instants qui nous dit pourtant des choses fortes sur qui nous sommes et nos choix de vie individuels et (surtout) collectifs. 

Sans être tout à fait l'histoire de Danaé Poussin, cette jeune orpheline qui, elle, sait nager, ce personnage en constitue le fil rouge, au milieu d'une myriade de citoyens, pilotes, navigateurs, exilés et saleuses qui peuplent l'île d'Ys. Car là réside l'imaginaire magique de Dominique Scali : Ys est fictive, et pourtant on a tellement la sent vraie, cette île au milieu de l'Atlantique, terre sauvage fouettée par la vagues et régulièrement submergée en partie par les marées d'équinoxe. Ce roman est ce que j'ai lu de mieux depuis un moment en matière de "world building", de création d'un univers fictif mais tellement solide et cohérent qu'on a envie d'y croire. 

"Les marins ne savent pas nager" c'est aussi l'histoire d'une révolution qui se fait longtemps attendre, et l'histoire des Premiers Hommes, qui eux savaient nager, et de leur fin tragique. 

Le roman est un délice de la langue, avec un Français rugueux et maritime qui (peut-être ?) porte en lui un peu de la construction linguistique telle qu'elle est vue par les québécois. C'est d'ailleurs, je crois, le premier roman Québécois que je lis, et s'il est représentatif de ce qui se fait là-bas, ce ne sera pas le dernier. 

Un dernier point: il n'y a rien de "fantastique" dans Les marins, au sens où on l'entend généralement pour catégoriser les genres littéraires, et pourtant les fans de fantasy devraient totalement s'y retrouver dans le souffle et l'immersion.

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