Rapport d'activités pour Mothership


Dans les archives de ce blog, on trouve un article laudatif de Un Lecteur sur Mothership, jeu indé de "space horror" permettant de jouer dans le style de Alien, publié presque en même temps que la version officielle de Free League. Malgré tout le plaisir que j'ai à contredire mon camarade de blog, après avoir fait de Mothership mon "jeu à one shots" de l'année, je dois dire que les lauriers qu'il lui tresse sont tout à fait justifiés. 

Il est intéressant de voir, 4 ans après, comment ont été développées leurs gammes de suppléments réciproques. Alors que Alien propose de copieux suppléments en papiers glacés contenant pléthore de règles, de détails de background, et des scénarios scriptés plein de gadgets, Mothership a accouché de petits suppléments sobrement (mais bien) mis en page, remplis de situations de jeu prêtes à être utilisées, aux règles épurées et sans aucun détail sur l'environnement général. La différence n'est pas que qualitative, elle est aussi quantitative : si la licence officielle Alien verrouille et ralentit la production de suppléments (à cette date, on attend encore les suppléments sur les corpos et les truckers), la communauté très active et créative de Mothership fournit à cadence régulière de véritables petites bombes.

Cet article est l'occasion de donner un coup de projecteur sur ceux que j'ai eu l'occasion d'utiliser ces derniers mois, qui font partie de la catégorie des "pamphlet modules" : des scénarios qui tiennent sur une feuille A4 recto-verso pliée en trois feuillets. Pour être honnête, quand j'ai feuilleté le premier sur lequel j'étais tombé, j'ai craint de trouver un énième mini-donjon OSR plus propice à des plaisanteries référencées qu'à de vraies moments de jdr. En fait, j'ai découvert des vrais scénarios, donnant juste assez d'informations pour structurer la partie sans noyer le MJ, et dont la mise en page soignée participe à la facilité de lecture et d'utilisation en jeu. Enfin, chacun réussit l'exploit de proposer une ambiance différente et une structure ouverte. Les voici dans l'ordre où je les ai faits jouer :

Moonbase Blues


Suite à une avarie, les PJ sont contraints de pénétrer dans une base scientifique colonaire qui ne donne plus signe de vie. En découvrant les survivants, ils comprendront peu à peu les raisons du désastre et devront essayer de trouver les moyens d'en échapper.

Ce scénario est la preuve que le "space horror" ne se résume pas à "vous êtes pris au piège avec un monstre invulnérable". Non seulement le danger est d'un genre différent de celui auquel les joueurs pourraient s'attendre en jouant à Mothership, mais le ton du scénario, qui verse dans l'humour noir et parfois absurde, le rend très rafraîchissant. Très ouvert, il permet beaucoup d'improvisations. Il lui manque juste quelques suggestions de fins possibles pour éviter que cela se termine obligatoirement par un TPK. Les aides de jeu proposées par la communauté (cartes supplémentaires, aide de jeu audio), le discord du jeu, les actual plays sur Youtube ou en Podcast permettent d'enrichir si besoin la trame déjà consistante du scénario.

The Haunting of Ypsilon 14

C'est parce qu'il est plus classique dans son thème (un huis-clos avec une terreur inhumaine, des morts successives) et donc plus proche des stéréotypes du genre, que ce scénario est plus facile à mettre en place, et donc qu'il est souvent recommandé pour démarrer à Mothership. La comparaison avec le kit de découverte d'Alien qui propose à peu près la même chose fournit une nouvelle preuve de l'efficacité de l'épure des produits Mothership. Même classique, il mérite d'être joué pour plusieurs raisons : ses aides de jeu, la nature du monstre, et la gestion dynamique du compte à rebours, la facilité de prise en main et d'improvisation, et, surtout, surtout, ce terminal génial proposé par la communauté du jeu qui avait bluffé mes joueurs.

Dinoplex Cataclysm



Du même auteur que Moonbase Blues, ce "Jurassic Park in Space" pousse encore plus loin l'humour noir déjà présent dans le précédent scénario. Un peu plus long à jouer pour vraiment en profiter, il repose sur une dynamique commune à tous les films catastrophes : au début tout va bien, on découvre le cadre, les personnages, les situations, jusqu'à ce qu'un événement inattendu fasse tout dérailler. Les PNJ, les aides de jeu, tout verse dans l'humour caustique plus proche d'une partie de Paranoïa que d'Alien.

Et beaucoup d'autres...

Il existe quantité d'autres modules de cette forme, et il en sort régulièrement de nouveaux. Tous ne sont pas toujours aussi faciles à appréhender : il est parfois facile de passer à côté d'une information essentielle cachée dans une entrée succincte de table aléatoire. D'autres fois, ce sont les références nécessaires pour comprendre le thème ou avoir des images mentales qui manquent. Quoi qu'il en soit, même si vous ne comptez pas les jouer, ces exercices de style sont intéressants à lire. Quant à moi, j'en ai désormais toujours un de prêt pour quand il y a un absent lors de notre session hebdomadaire.

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