Choral-fantasy : kezaco ?

Ca faisait un moment (relatif) que je n'avais pas lu de Fantasy, mais venant d'abattre quelques pavés en peu de temps, je ne peux m'empêcher de faire suite à mon précédent billet, le Trône de fer-blanc. En effet, les romans que je viens de lire sont chacun emblématique d'une tendance différente en Fantasy.
Dans le Trône de fer-blanc, je tentais de généraliser les traits que l'on retrouve dans les romans surfant sur la même vague que la série de GRR Martin. Des points de vue multiples, des personnages qui se croisent occasionnellement, une intrigue basée sur les complots et la politique de haut-vol, des conflits et de la violence, de la crasse, de la sueur et du sang, et une magie très en retrait. Cette recette, Abercrombie l'a suivie à la lettre, mais en oubliant l'ingrédient principal : une histoire. Ses personnages pourraient être intéressants (un barbare lassé d'une vie de violence, philosophe avec l'âge; un officier noble paresseux et ambitieux; une dangereuse esclave en fuite; un inquisiteur estropié) mais il ne leur arrive à peu près rien, tellement l'intrigue est longue à se mettre en place. Leur mentor, un énième clone de Gandalf/Merlin (cette fois-ci, il est chauve, baraqué et colérique), filtre tellement les informations que le lecteur ne sait à peu près à quoi s'en tenir que dans les dernier chapitres. Quant au monde, il est lisse et sans saveur, et on ne ressent aucun plaisir d'immersion. La fin du 1er tome mentionne une prophétie (oh ! la belle trouvaille scénaristique !) et le livre s'achève avec le groupe de héros, disparate comme il se doit, enfin constitué. Les prémices du second tome m'excitent à peu près autant que la perspective d'une lecture publique du code général des impôts par Frédéric Mitterand. Dernière remarque : QUE CETTE COUV EST LAIDE !
Logen Neuf-Doigts, le barbare le plus redouté du Nord a finalement vu sa chance tourner : son dernier combat risque bien d'être celui de trop. La perspective de ne laisser à ses ennemis hilares qu'une poignée de mauvaises chansons ne l'enchante guère ; aussi, quand les esprits lui révèlent qu'un mystérieux mage l'attend au Sud, se met-il en route. Après tout, qu'a-t-il de mieux à faire ? Jeune et fringant officier, le capitaine Jezal dan Luthar n'a rien de plus dangereux en tête qu'arnaquer ses amis aux cartes, se mettre minable et remporter le Tournoi annuel d'escrime. Mais la guerre gronde, et les batailles qu'on livre sur le front du Nord ne s'interrompent pas au premier sang. Tortionnaire accompli, l'Inquisiteur Glotka ne rêve que de voir l'arrogant capitaine tomber entre ses mains. Mais lui ou un autre, Glotka déteste tout le monde : obtenir des aveux de traîtrise à longueur de journée laisse peu de place à l'amitié. Sa dernière piste de cadavres pourrait bien le conduire droit au cœur du gouvernement corrompu... si toutefois il vit assez longtemps pour la suivre. Alors que de funestes complots sont sur le point d'être révélés, que des querelles millénaires remontent à la surface, la ligne qui sépare les héros des traîtres est assez fine pour faire couler le sang !
J'ai enchaîné avec le tome 5 des Monarchies divines, de Kearney. Les quelques lecteurs réguliers de ce blog seront surpris de mon acharnement, vu le peu de bien que j'en disais dans mon premier billet. Mais, malgré le peu d'intérêt de la série, j'étais quand même curieux de connaître le destin des personnages principaux, et je nourrissais le secret espoir que, brusquement, la série s'améliore. Hélas, celle-ci s'est achevée sans qu'il soit satisfait, et c'est donc avec un sentiment de perte de temps que j'ai refermé le livre. Aucun - mais alors, AUCUN - des rebondissements de l'intrigue ne surprend le lecteur, certains développements, promis par l'auteur et attendus par le lecteur, sont survolés avec une totale désinvolture (la palme au tome 5, qui commence 15 ans après la fin du tome 4), et Kearney ne s'intéresse en fait qu'aux manoeuvres maritimes et aux batailles. Il tente de copier Martin en tuant ses personnages, mais n'ayant jamais réussi à les rendre attachants, ses mises à mort sont inintéressantes, gratuites et faciles (il les tue dans les derniers chapitres, une fois qu'il est sûr qu'il n'en aura plus besoin). Bref, un mauvais cycle à la fin bâclée. La couverture, à peine moins moche que celle du bouquin d'Abercrombie, ne fait pas honneur à Julien Delval, qui tente vainement de copier les couvertures ratées de Benjamin Carré sur les tomes précédents.
Un ami, désolé de me voir déçu dans mes recherches, m'a gentiment prêté le 1er tome de Terry Goodkind, pour me remonter le moral. Je n'ai pas été très loin, tellement la trame était usée - encore plus que dans mes précédentes lectures. Certes, cela faisait longtemps que je n'avais pas donné dans "le jeune homme précipité dans des aventures qui le feront mûrir et feront de lui le champion qui sauvera le monde" (ce que les gens "in the know" appellent "le voyage du héros"). Mais qu'on puisse écrire des platitudes d'une telle mièvrerie et vendre par dizaines de milliers ses livres me laisse sans voix. Y'a pas à dire, la Fantasy, qui a tendance à attirer beaucoup d'écrivaillons industrieux, ne s'est pas améliorée avec sa popularité, loin de là.
Jusqu’à ce que Richard Cypher sauve cette belle inconnue des griffes de ses poursuivants, il vivait paisiblement dans la forêt. Elle ne consent à lui dire que son nom : Kahlan. Mais lui sait déjà, au premier regard, qu’il ne pourra plus la quitter. Car désormais, le danger rôde en Hartland. Des créatures monstrueuses suivent les pas de l’étrangère. Seul Zedd, son ami le vieil ermite, peut lui venir en aide… en bouleversant son destin. Richard devra porter l’Épée de Vérité et s’opposer aux forces de Darken Rahl, le mage dictateur. Ainsi commence une extraordinaire quête à travers les ténèbres. Au nom de l’amour. A n’importe quel prix.
En fait, mon dernier très bon roman de Fantasy, c'est celui de Scott Lynch (dont on parle ici et ). Lynch tourne complètement le dos au style consacré par Martin (ok, vous voulez un nom pour ce nouveau sous-genre ? vous voulez vraiment ? En voilà un : choral-fantasy. Ca claque, non ?) ou péniblement labouré par Goodkind pour retrouver le Sword and Sorcery de Howard, Vance et Leiber. Des personnages héroïques et attachants, n'ayant que leurs épées et leur astuce pour lutter contre leurs ennemis, épaulés par une magie puissante et redoutable. Pas de guerre de succession, de chapitres éclatés en 34 personnages différents, juste une intrigue d'une redoutable efficacité qui se construit autour des deux héros. Ceux-ci ne sont pas non plus des puceaux lâchés dans la nature et découvrant au fur et à mesure que leur lien de parenté oublié avec les rois-sorciers de l'Atlantide font d'eux des magiciens d'une puissance telle que le monde n'en a jamais connu - ce qui ne les aidera en rien à faire le premier pas vers la princesse/fermière rencontrée au 1er chapitre et qu'ils n'embrasseront pas avant le 13e tome.
Bon, il sort quand, Toll the Hounds ?...

Commentaires

  1. Philippe, tu es mon phare dans cet océan infini qu'est la fantasy de gare.

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  2. Anonyme8/7/08

    Tiens je profite de ce billet pour vous demandez (je m'adresse aux Deux Corbeaux la )

    Quels sont vos romans / cycles de fantasy preferés ?

    une liste suffit

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  3. "Fantasy de gare" ? C'est une allusion au steampunk ? :)

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  4. Lordsammael : je ne sais pas si une liste suffit. Comme on m'a déjà posé la question quelques fois, je me demande si je ne vais pas me fendre d'un petit billet. Mais dans ce blog, on a déjà parlé de Steven Erikson (Malazan Books), Scott Lynch (Locke Lamora), Fritz Leiber (Cycle des Epées), et Robert Holdstock (Codex Merlin). Je vais creuser ma mémoire pour en proposer d'autres.

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  5. Anonyme8/7/08

    bon idée

    pour Steven Erikson je peste contre la VF :(

    tu n'aimes pas : le trone de fer ? Roue du temps ? Compagnie Noire ?

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  6. Avant toutes choses, précisons que je ne suis en rien élitiste. Je lis beaucoup de Fantasy, et je ne cherche pas la révolution littéraire à chaque nouvel ouvrage. J'aime beaucoup le Trone de fer, j'ai beaucoup aimé la Roue du Temps avant que ça délaye à l'infini, je n'ai jamais accroché à la Compagnie noire. Parmi les grosses claques en Fantasy dont on a largement parlé sur ce blog, il y a aussi Perdido Street Station de China Miéville. Je devrais aussi citer Jack Vance dans mes auteurs favoris, et, évidemment, Gene Wolfe. (mon premier pseudo sur Internet fut Severian). Au débotté, je mentionne aussi le Dit de la Terre Plate, de Tanith Lee, que j'aime toujours autant relire.

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  7. Anonyme8/7/08

    tu fais reference a L’Ombre du bourreau

    jamais lu ça a l'air dense

    c'est vrai que ce blog est responsable de quelque uns de mes achats livresques :)

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