C'est l'heure des bilans et des listes.
Le choix de Cédric : Terreur, de Dan Simmons
J'avais déjà dit que c'était ma meilleure lecture de l'année, je le confirme. La banquise, des officiers de marine britaniques bornés en quête d'une gloire maritime, une créature indicible qui fait payer l'impôt du sang à deux équipages prisonniers des glaces...
S'il y a bien un roman à lire tandis qu'il neige, c'est bien Terreur. D'autant que c'est une histoire qui est presque vraie. Même si vous n'êtes pas foutus de faire la différence entre des guindeaux ou des winchs, la vie de ces deux navires coupés du monde vous semblera un peu trop réelle. La reconstitution historique s'imbrique avec le surnaturel avec une aisance déconcertante. Et que dire de cette couverture qui vous donne déjà un avant-goût des frissons d'horreur et de froid qui vous saisiront tout au long de votre lecture.
Film
Le choix de Cédric : Burn after reading
Encore une apologie de la bêtise par les frères Coen. Burn after reading, c'est Fargo à la CIA, des petites magouilles sans ambition réalisées par des crétins. Un analyste alcoolique perd quelques brouillons sans valeur. Deux animateurs d'une salle de sport vont se monter le bourichon en trouvant ces documents et vouloir faire chanter le monde du renseignement. Mais c'est tellement foireux que tout s'emballe et tout se complique.
Burn after reading, c'est encore une fois une bande d'acteurs très doués qui s'amusent plus qu'ils ne jouent, dirigés par des frères Coen qui renouent avec l'humour grinçant que No country for old men avait éclipsé.
Le choix de Philippe : Be Kind Rewind
J'ai hésité entre Wall-E et celui-ci, mais c'est finalement Be Kind Rewind que je retiens sur 2008. J'avais beaucoup aimé la Science des rêves et Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Mais celui-ci est encore plus délirant : deux copains tournent, avec les moyens du bord, les remakes des films que proposent leur vidéoclub, dont les cassettes ont toutes été accidentellement effacées. J'ai pleuré de rire avec les remakes de Ghostbusters, Rush Hour, et de tous les autres films "suedés" : mot forgé par les héros du film, qui prétendent que les remakes viennent de Suède pour justifier les délais d'approvisionnement. Au final, on tient une comédie gentiment loufoque et un très bel hommage au 7e Art, dont seule la fin un peu DBS ("dégoulinante de bons sentiments") est critiquable.
Le "suedage" s'est par la suite généralisé, puisque Gondry a lui-même suedé sa bande-annonce, qu'un concours de films suedés a été organisé sur Dailymotion (les gagnants sont dans les bonus du DVD), et qu'un site Internet spécialisé en films suedés existe.
Jeu
Le choix de Philippe : Big Pirate
Mon passé de hardcore gamer est définitivement révolu : la paternité l’a relégué aux oublis. Fini les jeux de rôle, exit les jeux vidéo. Mais les enfants qui grandissent permettent de redécouvrir le jeu, d’une façon bien plus conviviale et enrichissante. J’ai énormément de plaisir à jouer avec mes fils, et ils gagnent avec l’âge en capacité de concentration. Mathis (5 ans) me mettant régulièrement des roustes à Pique-Plume, il me fallait trouver autre chose. J’ai découvert à la ludothèque Big Pirate, un super jeu de stratégie : des petits moussaillons tentent de ravir les coffres d’un gros pirate. Ils lancent leur petit dé, se cachent derrière les palmiers, et prennent des chemins détournés pour arriver à la grotte au trésor, tandis que le gros pirate lance un gros dé pour leur courir après. C’est simple, c’est fin, le matériel est très agréable, tout en rondeurs et en couleurs tropicales (bleu indigo, vert forêt), et ils en redemandent du soir au matin. Le plus ennuyeux, c’est l’enrouement permanent à force de faire le "ho, ho, ho" du gros pirate chaque fois que je lance son dé. Vous avez des enfants de cet âge ? ACHETEZ Big Pirate.
Le choix de Cédric : Okami
Je ne suis pas un gros consomateur de jeux Wii et l'année 2008 a été très décevante pour le gamer occasionnel que je suis. Mais Okami a été une véritable claque : des graphismes superbes au service d'une fable japonaise. Rien de novateur sur le fond : un chouette coin de pays envahi par le Mal, un héros qui se balade de partout pour lutter contre un adversaire en remplissant des quêtes, en parlant avec des personnages, en collectionnant les objets magiques et les techniques secrètes. Un Zelda de plus.
Mais quelle forme ! J'avais les yeux émerveillés à chaque fin de quête quand l'écran se mettait à se remplir de fleurs pour célébrer mes victoires. D'autant que dessiner avec la manette de la Wii pour activer la magie du héros est très immersif.
Dommage que je n'ai pas le temps de finir le jeu comme tout hardcore gamer qui se respecte.
Prix spécial du jury
Le choix de Hugin & Munin : Le cycle de Locke Lamora
L'avis de Philippe
Non, Hugin & Munin ne désigneront pas l'homme de l'année, la fonction iPhone la plus pratique (note de Philippe : encore que...) ou le meilleur joueur du mercato. Par contre, vous pouvez compter sur nous pour lister nos coups de coeur de l'année. Car nous sommes des leaders d'opinion chez les geeks para-rôlistes trentenaires bilingues. Enfin, je crois. Et comme c'est un blog écrit à quatre mains, Philippe et moi allons défendre des choix personnels. Au pire, ça fera des idées cadeaux pour les retardataires.
Petite précision : les oeuvres présentées ci-bas ne sont pas nécessairement de 2008, ce sont simplement des choses qui nous ont allumés cette année.
BD
Le choix de Philippe : l'Age de Bronze
La première fois que j’ai ouvert le bouquin, je n’avais pas été accroché par le style très réaliste de cette version de la Guerre de Troie. Aiguillé par Sammael, je suis revenu dessus. Dans l’intervalle, j’avais eu l’occasion de visiter les sites mycéniens du Péloponnèse, et de relire l’Illiade : j’ai pris en pleine figure le travail de reconstitution archéologique des bâtiments, des vêtements, des ustensiles, des armes, de l’auteur, qui a pris le parti de situer son récit au XVIe siècle av. JC, en pleine période mycénienne. Ca change beaucoup des images du hoplite de la Grèce classique, popularisée par les BD ou le cinéma (exemple entre autres : le récent et très poussif Troie avec Brad Pitt, dont seul le duel Hector – Achille vaut qu’on entrouvre les yeux), mais chaque page est un régal. On s’attarde sur les détails, sur la construction des cases (les piliers de la salle du trône de Priam, le palais de Nestor, …). Mais le récit est aussi réussi que les images, l’auteur s’étant inspiré des multiples récits de la guerre de Troie de l’Illiade à Troïlus et Cressida de Shakespeare en passant par les très nombreux autres récits de toutes les époques. Après tout, la guerre de Troie est un mythe universel, au même titre que la Table Ronde, et les variantes, loin de l’affaiblir par des prétendues contradictions, viennent l’étoffer. Une très très grande BD, dont le seul défaut à la lenteur à paraître.
Le choix de Cédric : De Gaulle à la plage
L'année 2008 n'a pas été très BD pour moi. Mais j'ai été enchanté de lire le De Gaulle à la plage de Jean-Yves Ferri. L'humour décalé du Général en tong, le regard inquisiteur d'Yvonne, l'envolée des bigoudènes sauvages... La chienlit, quoi.
Le format du strip fait bien évidemment beaucoup penser au Retour à la terre que Ferri scénarise également, mais je dois avouer que le trait du monsieur est terriblement efficace pour croquer ces vacances gaullistes. Et, copinage éhonté, je dois avouer que les couleurs de Patrice Larcenet sont aussi belles que les envolées lyriques du grand Charles.
Vivement le prochain album (intitulé "De Gaulle contre Chaban-Delmas").
Série télévisée
Le choix de Cédric : The Wire / Sur écoute
HBO frappe encore et toujours. The Wire, ou comment prendre son temps pour raconter des histoires bien foutues. Pas juste les flicailleries habituelles où l'enquête est bouclée tambour battant en 40 minutes, non une saison complète de 13 épisodes pour raconter une enquête dans toutes ses subtilités. La ville de Baltimore est passée au crible socio-politico-journalo-éducatio-policier. Un découpage par strates, où les policiers ne sont pas des héros, où les criminels ont de vraies motivations, où les moyens sont limités, où les intérêts de la hiérarchie passent avant le bien commun...
The Wire entre au temple de la renommée de la télévision, à côté des Sopranos, d'Oz, de The Shield et de Six Feet Under. (Note de Philippe : et c'est scénarisé par qui ? Par Pelecanos !)
Le choix de Philippe : Kaamelott
Je devine bien que vous n'avez pas attendu de venir ce blog pour découvrir, aimer (ou snober) Kaamelott, mais j'utilise cet espace public pour dire à la face du monde mon admiration pour Alexandre Astier : pour avoir réussi à imposer son humour particulier, qu'on pourrait essayer d'analyser mais qui naît entre autres du soin de la reconstitution et de la recherche et des thémes et du langage modernes; mais aussi et surtout pour oser faire évoluer son approche, et ne pas craindre de perdre des spectateurs ou de se casser le nez en refusant de jouer la facilité en continuant à empiler années après années des sketches à base de "Le gras c'est la vie" et autres "C'est pas faux". Astier arrive, tout en gardant ses personnages comiques, à louvoyer entre comédie, storyline arthurienne, et drame. Si la IVe saison surprenait par l'alternance des épisodes drôles et sinistres, la Ve saison, en proposant des épisodes d'1h, réussit la fusion de ses différentes influences et la porte à un niveau supérieur. Peut-être qu'il aura perdu du monde ("Ouais, c'était mieux avant, les épisodes de maintenant ça fait plus rigoler") mais voilà un artiste intègre, doué, et polyvalent. Même la BD, qui n'est pas révolutionnaire, n'est ni meilleure ni pire qu'un Naheulbeuk. Je suis donc non seulement fan, mais de plus en plus admiratif. J'ai hâte de voir ce que le livre VI donnera, car je suis persuadé qu'il sera à nouveau différent de ce qu'on a vu jusqu'ici, et je suis également sûr que le passage au grand écran offrira de nouvelles surprises.
Roman
Le choix de Philippe : La Tour de Babylone, de Ted Chiang
Petite précision : les oeuvres présentées ci-bas ne sont pas nécessairement de 2008, ce sont simplement des choses qui nous ont allumés cette année.
BD
Le choix de Philippe : l'Age de Bronze
La première fois que j’ai ouvert le bouquin, je n’avais pas été accroché par le style très réaliste de cette version de la Guerre de Troie. Aiguillé par Sammael, je suis revenu dessus. Dans l’intervalle, j’avais eu l’occasion de visiter les sites mycéniens du Péloponnèse, et de relire l’Illiade : j’ai pris en pleine figure le travail de reconstitution archéologique des bâtiments, des vêtements, des ustensiles, des armes, de l’auteur, qui a pris le parti de situer son récit au XVIe siècle av. JC, en pleine période mycénienne. Ca change beaucoup des images du hoplite de la Grèce classique, popularisée par les BD ou le cinéma (exemple entre autres : le récent et très poussif Troie avec Brad Pitt, dont seul le duel Hector – Achille vaut qu’on entrouvre les yeux), mais chaque page est un régal. On s’attarde sur les détails, sur la construction des cases (les piliers de la salle du trône de Priam, le palais de Nestor, …). Mais le récit est aussi réussi que les images, l’auteur s’étant inspiré des multiples récits de la guerre de Troie de l’Illiade à Troïlus et Cressida de Shakespeare en passant par les très nombreux autres récits de toutes les époques. Après tout, la guerre de Troie est un mythe universel, au même titre que la Table Ronde, et les variantes, loin de l’affaiblir par des prétendues contradictions, viennent l’étoffer. Une très très grande BD, dont le seul défaut à la lenteur à paraître.
Le choix de Cédric : De Gaulle à la plage
L'année 2008 n'a pas été très BD pour moi. Mais j'ai été enchanté de lire le De Gaulle à la plage de Jean-Yves Ferri. L'humour décalé du Général en tong, le regard inquisiteur d'Yvonne, l'envolée des bigoudènes sauvages... La chienlit, quoi.
Le format du strip fait bien évidemment beaucoup penser au Retour à la terre que Ferri scénarise également, mais je dois avouer que le trait du monsieur est terriblement efficace pour croquer ces vacances gaullistes. Et, copinage éhonté, je dois avouer que les couleurs de Patrice Larcenet sont aussi belles que les envolées lyriques du grand Charles.
Vivement le prochain album (intitulé "De Gaulle contre Chaban-Delmas").
Série télévisée
Le choix de Cédric : The Wire / Sur écoute
HBO frappe encore et toujours. The Wire, ou comment prendre son temps pour raconter des histoires bien foutues. Pas juste les flicailleries habituelles où l'enquête est bouclée tambour battant en 40 minutes, non une saison complète de 13 épisodes pour raconter une enquête dans toutes ses subtilités. La ville de Baltimore est passée au crible socio-politico-journalo-éducatio-policier. Un découpage par strates, où les policiers ne sont pas des héros, où les criminels ont de vraies motivations, où les moyens sont limités, où les intérêts de la hiérarchie passent avant le bien commun...
The Wire entre au temple de la renommée de la télévision, à côté des Sopranos, d'Oz, de The Shield et de Six Feet Under. (Note de Philippe : et c'est scénarisé par qui ? Par Pelecanos !)
Le choix de Philippe : Kaamelott
Je devine bien que vous n'avez pas attendu de venir ce blog pour découvrir, aimer (ou snober) Kaamelott, mais j'utilise cet espace public pour dire à la face du monde mon admiration pour Alexandre Astier : pour avoir réussi à imposer son humour particulier, qu'on pourrait essayer d'analyser mais qui naît entre autres du soin de la reconstitution et de la recherche et des thémes et du langage modernes; mais aussi et surtout pour oser faire évoluer son approche, et ne pas craindre de perdre des spectateurs ou de se casser le nez en refusant de jouer la facilité en continuant à empiler années après années des sketches à base de "Le gras c'est la vie" et autres "C'est pas faux". Astier arrive, tout en gardant ses personnages comiques, à louvoyer entre comédie, storyline arthurienne, et drame. Si la IVe saison surprenait par l'alternance des épisodes drôles et sinistres, la Ve saison, en proposant des épisodes d'1h, réussit la fusion de ses différentes influences et la porte à un niveau supérieur. Peut-être qu'il aura perdu du monde ("Ouais, c'était mieux avant, les épisodes de maintenant ça fait plus rigoler") mais voilà un artiste intègre, doué, et polyvalent. Même la BD, qui n'est pas révolutionnaire, n'est ni meilleure ni pire qu'un Naheulbeuk. Je suis donc non seulement fan, mais de plus en plus admiratif. J'ai hâte de voir ce que le livre VI donnera, car je suis persuadé qu'il sera à nouveau différent de ce qu'on a vu jusqu'ici, et je suis également sûr que le passage au grand écran offrira de nouvelles surprises.
Roman
Le choix de Philippe : La Tour de Babylone, de Ted Chiang
Ted Chiang n'écrit que parcimonieusement. Les huit nouvelles qui composent ce récit s'étendent sur plus de 10 ans d'écriture. Mais le nombre de prix qu'elles ont raflé ont auréolé Chiang d'une réputation de génie de la SF.
Leurs thèmes sont très différents les uns des autres : la tour de Babylone se déroule sur le chantier de la tour, et donne à imaginer la démesure et l'ambition de cette entreprise, sur la base de la version biblique : le cauchemar logistique que représenterait, dans l'Antiquité, la construction d'une tour destinée à atteindre les Cieux donne le vertige. Comprends raconte sous la forme d'un court thriller l'évolutionl d'un homme dont l'intelligence, stimulée artificiellement, dépasse la compréhension humaine, avec une construction rappelant Des fleurs pour Algernon. L'histoire de ta vie est un récit au présent du futur d'une jeune fille par sa mère, linguiste travaillant sur les langues extra-terrestres. L'enfer, quand Dieu n'est pas présent, est une histoire de deuil dans un monde où l'irruption inopinée et périodique des anges provoquent des épidémies de miracles et d'accidents dans leur sillage... Bon, je ne vais pas toutes les mentionner, toutes sont excellentes et les pitches ne leur font pas hommage.
Au final, chacune de ces nouvelles est un bijou d'intelligence, d'écriture, d'émotion et d'inventivité. Au contraire des nouvelles pulp dont l'accumulation provoque l'indigestion, ces récits se dévorent sans lasser, et ne font regretter qu'une chose : que Ted Chiang n'écrive pas plus. Vivement que sa dernière novelette (The Merchant and the Alchemist's Gate), qui a raflé le prix Hugo de sa catégorie, arrive en France !
Le choix de Cédric : Terreur, de Dan Simmons
J'avais déjà dit que c'était ma meilleure lecture de l'année, je le confirme. La banquise, des officiers de marine britaniques bornés en quête d'une gloire maritime, une créature indicible qui fait payer l'impôt du sang à deux équipages prisonniers des glaces...
S'il y a bien un roman à lire tandis qu'il neige, c'est bien Terreur. D'autant que c'est une histoire qui est presque vraie. Même si vous n'êtes pas foutus de faire la différence entre des guindeaux ou des winchs, la vie de ces deux navires coupés du monde vous semblera un peu trop réelle. La reconstitution historique s'imbrique avec le surnaturel avec une aisance déconcertante. Et que dire de cette couverture qui vous donne déjà un avant-goût des frissons d'horreur et de froid qui vous saisiront tout au long de votre lecture.
Film
Le choix de Cédric : Burn after reading
Encore une apologie de la bêtise par les frères Coen. Burn after reading, c'est Fargo à la CIA, des petites magouilles sans ambition réalisées par des crétins. Un analyste alcoolique perd quelques brouillons sans valeur. Deux animateurs d'une salle de sport vont se monter le bourichon en trouvant ces documents et vouloir faire chanter le monde du renseignement. Mais c'est tellement foireux que tout s'emballe et tout se complique.
Burn after reading, c'est encore une fois une bande d'acteurs très doués qui s'amusent plus qu'ils ne jouent, dirigés par des frères Coen qui renouent avec l'humour grinçant que No country for old men avait éclipsé.
Le choix de Philippe : Be Kind Rewind
J'ai hésité entre Wall-E et celui-ci, mais c'est finalement Be Kind Rewind que je retiens sur 2008. J'avais beaucoup aimé la Science des rêves et Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Mais celui-ci est encore plus délirant : deux copains tournent, avec les moyens du bord, les remakes des films que proposent leur vidéoclub, dont les cassettes ont toutes été accidentellement effacées. J'ai pleuré de rire avec les remakes de Ghostbusters, Rush Hour, et de tous les autres films "suedés" : mot forgé par les héros du film, qui prétendent que les remakes viennent de Suède pour justifier les délais d'approvisionnement. Au final, on tient une comédie gentiment loufoque et un très bel hommage au 7e Art, dont seule la fin un peu DBS ("dégoulinante de bons sentiments") est critiquable.
Le "suedage" s'est par la suite généralisé, puisque Gondry a lui-même suedé sa bande-annonce, qu'un concours de films suedés a été organisé sur Dailymotion (les gagnants sont dans les bonus du DVD), et qu'un site Internet spécialisé en films suedés existe.
Jeu
Le choix de Philippe : Big Pirate
Mon passé de hardcore gamer est définitivement révolu : la paternité l’a relégué aux oublis. Fini les jeux de rôle, exit les jeux vidéo. Mais les enfants qui grandissent permettent de redécouvrir le jeu, d’une façon bien plus conviviale et enrichissante. J’ai énormément de plaisir à jouer avec mes fils, et ils gagnent avec l’âge en capacité de concentration. Mathis (5 ans) me mettant régulièrement des roustes à Pique-Plume, il me fallait trouver autre chose. J’ai découvert à la ludothèque Big Pirate, un super jeu de stratégie : des petits moussaillons tentent de ravir les coffres d’un gros pirate. Ils lancent leur petit dé, se cachent derrière les palmiers, et prennent des chemins détournés pour arriver à la grotte au trésor, tandis que le gros pirate lance un gros dé pour leur courir après. C’est simple, c’est fin, le matériel est très agréable, tout en rondeurs et en couleurs tropicales (bleu indigo, vert forêt), et ils en redemandent du soir au matin. Le plus ennuyeux, c’est l’enrouement permanent à force de faire le "ho, ho, ho" du gros pirate chaque fois que je lance son dé. Vous avez des enfants de cet âge ? ACHETEZ Big Pirate.
Le choix de Cédric : Okami
Je ne suis pas un gros consomateur de jeux Wii et l'année 2008 a été très décevante pour le gamer occasionnel que je suis. Mais Okami a été une véritable claque : des graphismes superbes au service d'une fable japonaise. Rien de novateur sur le fond : un chouette coin de pays envahi par le Mal, un héros qui se balade de partout pour lutter contre un adversaire en remplissant des quêtes, en parlant avec des personnages, en collectionnant les objets magiques et les techniques secrètes. Un Zelda de plus.
Mais quelle forme ! J'avais les yeux émerveillés à chaque fin de quête quand l'écran se mettait à se remplir de fleurs pour célébrer mes victoires. D'autant que dessiner avec la manette de la Wii pour activer la magie du héros est très immersif.
Dommage que je n'ai pas le temps de finir le jeu comme tout hardcore gamer qui se respecte.
Prix spécial du jury
Le choix de Hugin & Munin : Le cycle de Locke Lamora
L'avis de Cédric
Je suis extrêmement frileux avec l'hyperproduction fantasy actuelle. Des romans medfan à base de dragon, de prophétie et de jeune héros paysan qui se découvre une destinée hors du commun, il s'en écrit tous les jours, dans toutes les langues, sous toutes les latitudes.
Alors quand un jeune auteur (il est de 1978 ce petit con), rôliste qui plus est, débarque avec deux romans géniaux qui racontent les aventures rocambolesques de deux fieffés malandrins dans un univers medfan, j'arrête de seriner ma petite rengaine passéiste façon "Le medfan est mort, il n'y a plus rien à écrire, tout a été dit" et j'ose dire sans ironie aucune : "Scott Lynch est un génie".
Je vais vous faire l'impasse sur l'étude de texte et l'analyse stylistique pour citer au débotté ce qui me passionne dans la saga de Locke Lamora :
- des personnages attachants. Locke et Jean, c'est l'amitié éternelle des gamins espiègles, toujours en train de s'amuser même quand ils montent le casse du siècle. C'est la complicité et l'espièglerie de deux adultes qui restent d'incorrigibles garnements même quand le récit devient plus tragique.
- un univers qu'il est bien. J'aime ce monde italo-pas-de-chez-nous, car il est à la fois super facile à appréhender et dépaysant. La magie y est discrète (mais puissante), il y a des mystères à découvrir sur le long terme (en particulier l'origine de cette elderglass) et pas une floppée de noms imprononçables pour faire exotique.
- des scénarios en béton armé. Locke Lamora, ce n'est pas seulement du Ocean's Eleven avec des épées, c'est le plaisir de voir se mélanger plusieurs intrigues, avec des menteries, du bluff et des retournements de situation fréquents. Pas de royaume à sauver, c'est toujours des histoires bassement matérielles qui tournent autour de l'enrichissement malhonnête des deux héros. Les plans alambiqués des protagonistes partent souvent en sucette et ils doivent improviser pour retomber sur leurs pattes. Et Scott Lynch aime mener le lecteur en bateau en lui mentant ou en lui donnant des fausses pistes.
- pas d'elfes. Non, sérieusement, Scott Lynch n'écrit pas des pastiches de DragonLance ou de Tolkien, il développe un truc low fantasy qui pourrait presque plaire à votre petite amie/femme. Pas de honte à avoir, pour une fois : c'est super bien écrit, ce n'est pas de la lecture de geek et ça possède des couvertures absolument merveilleuse de Benjamin Carré (que je jalouse autant que Scott Lynch).
On peut être ému par une sonate de Chopin, ébahi devenant un Van Gogh, mais le pararôliste trentenaire ne peut réellement avoir de joie en ce bas monde qu'en lisant les romans qui mettent en scène les arnaques de Locke Lamora. Ceux qui disent le contraire sont des analphabètes, ou pire, des fans de Bon Jovi.
Bien évidemment, Warner Bros est en train de produire un film tiré du premier livre. Will Smith est présenti pour le rôle titre (meuh non).
J'opine à l'avance aux arguments de Philippe que je ne connais pas au moment où j'écris ces lignes.
Je suis extrêmement frileux avec l'hyperproduction fantasy actuelle. Des romans medfan à base de dragon, de prophétie et de jeune héros paysan qui se découvre une destinée hors du commun, il s'en écrit tous les jours, dans toutes les langues, sous toutes les latitudes.
Alors quand un jeune auteur (il est de 1978 ce petit con), rôliste qui plus est, débarque avec deux romans géniaux qui racontent les aventures rocambolesques de deux fieffés malandrins dans un univers medfan, j'arrête de seriner ma petite rengaine passéiste façon "Le medfan est mort, il n'y a plus rien à écrire, tout a été dit" et j'ose dire sans ironie aucune : "Scott Lynch est un génie".
Je vais vous faire l'impasse sur l'étude de texte et l'analyse stylistique pour citer au débotté ce qui me passionne dans la saga de Locke Lamora :
- des personnages attachants. Locke et Jean, c'est l'amitié éternelle des gamins espiègles, toujours en train de s'amuser même quand ils montent le casse du siècle. C'est la complicité et l'espièglerie de deux adultes qui restent d'incorrigibles garnements même quand le récit devient plus tragique.
- un univers qu'il est bien. J'aime ce monde italo-pas-de-chez-nous, car il est à la fois super facile à appréhender et dépaysant. La magie y est discrète (mais puissante), il y a des mystères à découvrir sur le long terme (en particulier l'origine de cette elderglass) et pas une floppée de noms imprononçables pour faire exotique.
- des scénarios en béton armé. Locke Lamora, ce n'est pas seulement du Ocean's Eleven avec des épées, c'est le plaisir de voir se mélanger plusieurs intrigues, avec des menteries, du bluff et des retournements de situation fréquents. Pas de royaume à sauver, c'est toujours des histoires bassement matérielles qui tournent autour de l'enrichissement malhonnête des deux héros. Les plans alambiqués des protagonistes partent souvent en sucette et ils doivent improviser pour retomber sur leurs pattes. Et Scott Lynch aime mener le lecteur en bateau en lui mentant ou en lui donnant des fausses pistes.
- pas d'elfes. Non, sérieusement, Scott Lynch n'écrit pas des pastiches de DragonLance ou de Tolkien, il développe un truc low fantasy qui pourrait presque plaire à votre petite amie/femme. Pas de honte à avoir, pour une fois : c'est super bien écrit, ce n'est pas de la lecture de geek et ça possède des couvertures absolument merveilleuse de Benjamin Carré (que je jalouse autant que Scott Lynch).
On peut être ému par une sonate de Chopin, ébahi devenant un Van Gogh, mais le pararôliste trentenaire ne peut réellement avoir de joie en ce bas monde qu'en lisant les romans qui mettent en scène les arnaques de Locke Lamora. Ceux qui disent le contraire sont des analphabètes, ou pire, des fans de Bon Jovi.
Bien évidemment, Warner Bros est en train de produire un film tiré du premier livre. Will Smith est présenti pour le rôle titre (meuh non).
J'opine à l'avance aux arguments de Philippe que je ne connais pas au moment où j'écris ces lignes.
L'avis de Philippe
Alors, euh, que dire. Cédric en a déjà dit pas mal, et on a aussi salué les romans d'une poignée de billets (dans l'ordre : ici, ici, et là). Là où tant de ces précédesseurs suivent les ornières des quelques sous-genres convenus de la fantasy (la sword & sorcery des précurseurs; la high-fantasy à la Tolkien; la choral-fantasy façon Trône de Fer; etc.), Scott Lynch réussit à rendre hommage aux ancêtres Leiber et Howard tout en suivant l'exemple d'auteurs plus modernes, et surtout en prenant son inspiration ailleurs que dans la fantasy, comme par exemple chez Maurice Leblanc dont le Arsène Lupin n'est pas très éloigné. Ses livres ont chacun une intrigue soigneusement ficelée, riche en rebondissements, dans un univers immersif dont il n'éprouve pas le besoin de nous exposer la genèse et les 30000 ans de stagnation médiévale. Après l'accueil fait au 1er tome, le 2e aurait pu décevoir : il n'en est rien, il est encore meilleur que son prédécesseur, et on se délectera des clins d'oeil aux classiques du roman d'aventure et de piraterie. Bravo à Bragelonne pour avoir découvert cet auteur, dont j'achète les romans pour les distribuer autour de moi à chaque occasion (Noël, anniversaire, bar-mitzvah, communion, pendaison de crémaillère, départ en retraite, remise de légion d'honneur, ...)
Le mot de la fin ? Vivement février, pour la sortie de Republic of Thieves, le 3e tome. Tout ce que nous espérons, c'est que lui aussi bénéficie d'une couverture de Benjamin Carré.
Ah oui : et bonne année 2009 !
J'ai beaucoup aimé le côté délirant (et accessoirement le remake des films cultes de mon adolescence) de Be Kind rewind.
RépondreSupprimerBonne année 2009, en espérant qu'en 2009, mes commentaires géniaux sur Philippe K. Dick ne disparaissent pas (avant même d'être apparus d'ailleurs);o)
Isil, nous ne censurons bien évidemment pas les commentaires, donc si tu as tenté de publier un commentaire sur Dick et qu'il n'apparaît pas, c'est sans doute la cause d'un bug de l'an 2009.
RépondreSupprimerLe bug de l'an 2009!! :o))) Je n'y avais pas pensé. Non je crois tout simplement que mon ordi ne vous aime pas beaucoup (allergie aux corbeaux?) et je dois à chaque fois insister pour que le com soit pris en compte. Je n'ai jamais pensé à la censure, je vous rassure.
RépondreSupprimerC'est peut-être notre (mon) goût pour le crash-test des fonctionnalités blogger encore en alpha release qui complique la saisie de commentaires... Même si je n'ai pas constaté de problèmes moi-même. Quant à la censure, il y a que les commentaires qui font référence à notre passé honteux de pigistes de jeux de rôle que nous censurons. ;)
RépondreSupprimerJe ne sais pas si Scott Lynch pourrait plaire à ma compagne, il faudrait déjà que je devienne lesbienne et que je trouve une partenaire sexuelle stable (faut évoluer, les gars !), en tout cas Locke Lamora a l'air d'une série sympa... manquant peut-être de profondeur ? J'approuve le choix des films, qui m'ont tous deux fait passer un très bon moment. Pour moi, s'il ne devait en rester qu'un, ce serait There Will Be Blood.
RépondreSupprimerJe conseille Scott Lynch aux geeks et rôlistes ainsi qu'à leur compagnon/compagne de vie, qu'il/elle soit hétéro/homo/bi/métrosexuel(le). Que les polygames m'excusent par avance : le singulier n'est utilisé que pour alléger le texte. Je suis désolé pour les célibataires ou les veufs/veuves.
RépondreSupprimerCanthilde : effectivement, les romans de Scott Lynch relèvent du divertissement et du roman d'aventure. Pour des récits intelligents qui sollicitent tous les neurones, je conseille le Tour de Babylone de Ted Chiang. Mais de façon générale, tu trouveras de toutes façons peu, voire pas, de trucs "profonds" sur ce blog : Cédric et moi revendiquons notre amour des romans de gare, et les trucs profonds, plein de blogs en parlent ailleurs qu'ici, bien mieux que ce qu'on pourrait faire. On ne verse quand même pas dans la culture du navet et l'apologie de la bêtise, hein ? Nous, on aime les romans/séries/BD/jeux qui ne prennent pas pour des crétins, qui sont fait avec honnêteté par leur auteur. S'amuser ou se divertir, c'est un truc sérieux qu'il ne faut pas prendre à la légère. :)
RépondreSupprimerAvec retard, mes meilleurs vœux pour 2009 !
RépondreSupprimerMaintenant que l'hiver est arrivé et que la neige recouvre l'horizon, je vais dévoré Terreur. Après tant de critiques élogieuses, je ne risque pas d'être déçu.
Quant à Kaamelott, j'ai justement regardé le dvd du livre V et il me tarde de découvrir la suite.
Meilleurs voeux à toi aussi, Algernon !
RépondreSupprimerEt merci à Cédric d'avoir fait livrer de la neige québecoise sur la France, rien que pour installer une ambiance propice à la lecture de Terreur.
Messieurs, mon portefeuille ne vous félicite pas, une fois de plus.
RépondreSupprimerSi vous gagniez de l'argent avec vos recommandations, je vous en réclamerais une partie à titre de compensation.
Mais bêtement, vous ne gagnez pas un centime en rédigeant vos billets.
Alors qu'une solution existe :
https://partenaires.amazon.fr/gp/associates/join/landing/main.html
Personnellement, je trouve que vos avis méritent rétribution (et pas au sens vendetta du terme ;)).
Sur ce, bonne année 2009, à bientôt les corbeaux..
Merci beaucoup Danilo de ton commentaire : les petits mots des visiteurs sont, comme tout blogger occasionnel ou non le confirmera, le seul salaire du rédacteur. Gagner de l'argent avec nos billets... Non seulement ça ne nous est pas venu à l'idée, mais ça dénature un peu la relation blogger <-> lecteur en y introduisant un élément qui n'était pas là auparavant. Mais surtout, je m'en voudrais de priver quelqu'un du choix d'acheter le livre dans sa librairie, qu'elle soit de quartier, on-line, ou supermarché culturel. Voilà pour mon sentiment...
RépondreSupprimerBonne année à toi aussi, Danilo !
Je viens de regarder "Be kind rewind" suite au billet de Philippe... J'ai passé un excellent moment, Gondry arrive toujours à me faire autant rêver avec deux bouts de carton et beaucoup d'imagination.
RépondreSupprimerIl parait qu'il y a eu sur Dailymotion un concours de films suédés, dont les gagnants sont en bonus sur le DVD.
RépondreSupprimerJe sais pas si c'était sur Dailymotion, mais en effet, y'a eu un concours et tu peux trouver wagon de films "suédés" sur Internet.
RépondreSupprimerUn commentaire sur un vieux post : je vieux de finir Locke Lamora, et j'ai trouvé ça bien nul. Je me demandais ce que vous en aviez pensé. A vous lire, il va falloir que je fasse un billet :=).
RépondreSupprimerVas-y, et compte sur nous pour venir te chanter pouilles dans les commentaires ! :)
RépondreSupprimer@ Le Pendu
RépondreSupprimerAh, non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... Oh! Dieu !... bien des choses en somme
En variant le ton,-par exemple, tenez :
Fielleux : « Moi, Monsieur, si j'avais écrit un tel merdier,
Je l’aurai signé sous le pseudonyme de Guillaume Musso »
Dépréciatif : « C’est la fantasy du plus haut niveau,
C'est-à-dire qu’elle sort à peine la tête du caniveau »
Accusatif ` : « Ce Scott Lynch a des fuites de stylo
Qui le pousse à toujours trop délayer son propos »
Honnête : « Moi les histoires de voleurs façon Rondo Veneziano
Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre »
Excessif : « Cette fantasy dont je ne suis pas l’apôtre
Enfile es clichés avec une rare dextérité »