Épisode 5
Numéro 80 de la
collection Fantastique / SF / Aventure.
En deux mots
Nous sommes dans une
petite ville de province française au tournant des années 50 et 60. Mme Martin
se dit pauvre, Mme Martin est avare, Mme Martin s'ennuie, Mme Martin vit seule
dans une grande maison à la structure très particulière.
Soudain, ses deux
sœurs, perdues de vues depuis vingt ans, refont surface avec une proposition
bizarre, mais lucrative...
Pourquoi c'est bien
Vous aimez les films
en noir et blanc, avec du brouillard, des ambiances feutrées mais doucement
malsaines ? Une larme de grand-guignol sur un fond de Claude Chabrol ? Vous
aimerez. Si vous voulez de la logique et une intrigue qui se résout bien
proprement à la fin, vous risquez de moins apprécier, mais comme la narratrice
est, de base, à moitié branque, même les incohérences sont explicables.
Les petites vieilles
dans les campagnes qui comptent tout, font attention à tout et se privent de
tout pour mettre trois sous de côté sont intemporelles, y compris quand leur
sens de l'économie tourne à la démence, comme c'est le cas de la narratrice,
qui se retient à peine de hurler au meurtre quand un invité ose mettre deux
morceaux de sucre dans sa tasse de café – « il va me ruiner, le brigand
! »
Vues d'ici, ces « années
soixante » ne sont pas doute pas très différentes de nos années vingt
préférées, et il y a des morceaux croqués sur le vif qui peuvent être
réutilisés tels quels. Je pense notamment une scène où un monsieur de la Poste
frappe à la porte de la narratrice pour l'informer qu'elle a reçu un coup de
téléphone, et que si elle veut bien venir au bureau pour rappeler... ce qui la
panique complètement, car elle n'a jamais passé un coup de fil de sa vie, ne
sait pas dans quel bout du combiné on parle, et ainsi de suite.
Si l'on prend un peu
de recul, c'est surtout un bon exercice de construction d'ambiance – il se
passe des choses, la narratrice ne voit rien, cherche, fouille, comprend un peu
et de travers, prend des initiative... bref, d'une manière bizarre, elle
investigue sur quelque chose qui se passe dans la propre maison.
Pourquoi c'est
lovecraftien
École des monstres n'est n'est pas tellement lovecraftien, à
moins de considérer que toutes les histoires de famille malsaines, avec un
arrière-plan sexuel louche, sont lovecraftiennes. Lovecraft a tellement donné
dans le genre que le rapprochement n'est pas si invraisemblable... ou plutôt,
qu'il ne le serait pas si on était dans le fantastique. Là, le lecteur évolue
plutôt dans l'étrange, aux confins barrés du polar.
Pourquoi c'est
appeldecthulhien
Parce qu'il suffit de
modifier très légèrement les paramètres de la fin pour que ça devienne un
scénario prêt à servir. Rajoutez une touche d'endoctrinement aux Grands Anciens
aux activités des méchants, et hop, le tour est joué !
Bilan
Bricoler un scénario à
partir de cette histoire prend... oh, allez, dix minutes chrono. Si vous êtes
fatigué. Gardée telle quelle, c'est une bonne histoire sans fantastique,
quelque chose qui manque un peu dans les scénarios publiés de L’Appel de Cthulhu. Avec une touche de
surnaturel en plus, ça marcherait pareil, voire peut-être mieux.
Ah, et certains
aspects m'ont fait penser à Ténèbres au
cœur de la montagne, l'un des scénarios de Sous un ciel de sang - c'est bon, mangez-en !
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