La Tour Au Service Surnaturel De Sa Majesté

Dans la série "mes comparses l'ont déjà fait", j'accumule. Forcément, on a aussi un peu les même goûts, alors ça finit par se voir. Cette fois, j'ai cédé à mes basses pulsions (UK + espionnage + surnaturel) et j'ai attrappé Au Service Surnaturel De Sa Majesté, la version poche du livre déjà critiqué par Cédric ici-même.



J'ai rarement dévoré aussi rapidement un livre. 670 pages en 4 jours - de travail - c'est pas mal. A raison d'environ 2h30 par jour, ça fait du 67 pages de l'heure, ce qui est bien au-delà de mon max, étant donné que, normalement, je lis lentement.
Cependant, qu'on ne s'y méprenne pas : The Rook n'est pas un très bon livre. Simplement, il exploite magnifiquement la technique du cliffhanger pour devenir un très bon page-turner (un "tournepage" ?). Un autre exemple de cette technique (en BD, on appelait ça le "suspense de bas de page"), c'est l'innommable Les Piliers De La Terre qui me donne la bave aux lèvres de rage haineuse et suintante chaque fois que j'en parle.

Qu'ai-je à reprocher à ce livre ? Tout. Tout le reste.
Ca commence sur l'amnésie du personnage principal qui, à part mettre le personnage sur le même niveau de connaissance que le lecteur, n'était pas obligatoire pour rédiger l'histoire et est donc une ficelle gratuite. Pas obligatoire ? Ben oui : le personnage, prévenue par trouze-mille voyants tout en répétant que les voyants n'existent pas, a abandonné des wagons de lettres dans tous les coins pour préparer son futur et se remémorer les choses. On se retrouve à bouffer des info-dumps de plusieurs dizaines de pages qui ne sont même pas forcément écrits de manière épistolaires. J'vous jure. Il aurait été plus simple que l'auteur remette les chapitres dans l'ordre chronologique et oublie l'amnésie (pouf pouf).
Le personnage principal était une bureaucrate grise et timide, elle devient the Mary Sue de la mort avec des pouvoirs que personne dans sa thurne pourtant fort bien dotée sur le sujet n'arrive à égaler. Avant, elle rougissait et s'écrasait dès que quelqu'un fronçait les sourcils ? Maintenant, elle a de la répartie, elle sait se battre etc. THE Mary Sue, ça en devient ridicule à la longue. D'ailleurs, les personnages, puisqu'on en parle, suivent en gros 3-4 archétypes et ya basta. La seule chose imaginative, c'est les super-pouvoirs qui, pour certains, sont assez originaux.
Au niveau scénario ? Ben quand on s'arrête, qu'on réfléchit et qu'on remet les chapitres dans l'ordre chronologique, on a des gros vilains méchants pas beau qui ont vécu plusieurs siècles et sont les croquemitaines - Belges - de l'histoire mais qui se comportent comme des glandus. C'est pas grave, vu que les autres personnages font aussi n'importe quoi. On n'oubliera pas le passage où le méchant raconte son plan à la gentille comme dans tout bon James Bond, ainsi qu'un autre méchant, histoire de combler les derniers vides. Plans que le lecteur a compris bien plus tôt parce qu'il sait reconnaître un pistolet de Tchekov quand il en voit un ("Tiens, j'ai reçu un coeur humain... D'habitude, je parle jamais des trucs bizarres qui m'arrivent dans mes lettres, mais là je rédige deux lettres sur le sujet mais rassures-toi, ça n'a aucun lien avec la suite, nononon"). Plans à la con qui ne font pas réellement sens. Enfin, si. Disons plutôt que n'importe qui avec un peu de cervelle et à de tels postes auront pondu douze plans plus fins et mieux pensés que ces ... trucs.
Quant à la révélation du traître : ben c'est assez facile, c'est le seul gros PNJ dont l'héroïne parle quasi jamais et ne soupçonne a aucun moment sans raison valable.

Bref, c'est Laundry en mal foutu de partout mais qui tient en haleine sur l'unique mécanisme du cliffhanger que c'en est honteux. J'ai pris plaisir à lire ce livre, mais un plaisir, honteux, coupable. Où j'avais peur d'être pris en flag' par les autres auteurs de ce blog, comme un pré-ado qui se tripoterait dans sa piaule, terrifié à l'idée que ses parents surgissent. Ah, et l'humour est toujours plus ou moins construit sur la même structure. Lassant.

Mes yeux. Ils saignent. Faut réaliser que j'ai brièvement interrompu ma lecture du génial City Of Saints And Madmen pour dévorer ce gros Big Mac sauce saindoux.

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