Oui, j'ai un peu honte de n'avoir découvert Le cycle des épées qu'à 30 ans. C'est un peu comme aller à l'église sans avoir lu la bible, j'en conviens. Mais je me méfie toujours un peu des classiques (même en fantasy. Surtout en fantasy). Et puis de mon temps, une belle édition de ce cycle, ça n'existait pas. Parce que l'édition Press Pocket de ce style avec un fond argent, une illustration grande comme un timbre, la première phrase du livre sur la couverture écrite en rose... c'était tout sauf une invitation au rêve.
Heureusement, Bragelonne a sorti une nouvelle traduction avec de superbes couvertures de Sarry Long (dont le site regorge de magnifiques illustrations) et Philippe a fait pression sur moi pour que je lise l'oeuvre de Fritz Leiber. Les astres étaient alignés, j'allais pouvoir plonger mon regard sur Lankhmar.
Heureusement, Bragelonne a sorti une nouvelle traduction avec de superbes couvertures de Sarry Long (dont le site regorge de magnifiques illustrations) et Philippe a fait pression sur moi pour que je lise l'oeuvre de Fritz Leiber. Les astres étaient alignés, j'allais pouvoir plonger mon regard sur Lankhmar.
Or donc, Fafhrd (le barbare roux) et le Souricier gris (le brunet) forme un insépar... euh un duo de choc basé sur une amitié souvent mise à rude épreuve. Ils écument Lankhmar, une cité où suinte une magie bien sombre, et louent leurs épées ou courent la gueuse selon que leur bourse est vide ou pleine. Ils ont grand coeur, mais ils n'hésitent pas à faire main basse sur un butin. Ils tombent amoureux aussi vite qu'ils dégainent, se retrouvent fréquemment à ne pas travailler dans le même camp mais finissent invariablement par tout résoudre dans une bonne vieille baston où ils combattent dos à dos comme des frères (sans oublier toutefois de s'envoyer quelques répliques cinglantes pour titiller leur amitié).
C'est un peu Les 3 mousquetaires sans Milady, sans Richelieu, sans les valets, sans les gascons... mouais, ça n'a finalement rien à voir avec le bouquin de Dumas.
Pourquoi est-ce si intéressant ? Toute simplement parce que Fritz Leiber pose içi les bases de la sword & sorcery à papa. Ça a l'air de rien, mais cet écrivain met en scène des voleurs, des guildes, des magiciens retors, des monstres effroyables, une ville séduisante de pêchers... et le tout écrit dès les années 40. Il puise directement dans l'imagerie de Lovecraft, reprend un peu ce que faisait Howard dans ses nouvelles, mais avec un style bien à lui et un univers très sombre.
Bon, forcément, 60 ans plus tard, toutes les nouvelles (car à l'exception du volume 5, tous les livres sont des recueils de nouvelles) ne sont pas géniales, mais ce sont des textes fondateurs qui imposent le respect.
J'avoue que certains passages m'ont prodigieusement gonflé (des voyages interminables, tout ça pour finir immanquablement par revenir à Lankhmar), que je trouve certains artifices de narration aussi horripilants que chez Conan (comme le niveau de language qui est constant chez tous les personnages), que certaines idées ont l'air d'avoir été accouchées sous LSD, mais punaise, c'est fort. On retrouve une certaine malice chez les héros (le Souricier gris me fait penser à Cugel), Lankhmar est comme une sorte de trou noir qui attire à elle tout ce qui gravite autour de ses murs, les sorciers sont plus vicelards que Donald Rumsfled... Y'a bon.
Bon, forcément, 60 ans plus tard, toutes les nouvelles (car à l'exception du volume 5, tous les livres sont des recueils de nouvelles) ne sont pas géniales, mais ce sont des textes fondateurs qui imposent le respect.
J'avoue que certains passages m'ont prodigieusement gonflé (des voyages interminables, tout ça pour finir immanquablement par revenir à Lankhmar), que je trouve certains artifices de narration aussi horripilants que chez Conan (comme le niveau de language qui est constant chez tous les personnages), que certaines idées ont l'air d'avoir été accouchées sous LSD, mais punaise, c'est fort. On retrouve une certaine malice chez les héros (le Souricier gris me fait penser à Cugel), Lankhmar est comme une sorte de trou noir qui attire à elle tout ce qui gravite autour de ses murs, les sorciers sont plus vicelards que Donald Rumsfled... Y'a bon.
Une question pour les connaisseurs : Bragelonne a publié 5 volumes alors que la saga semble en contenir 7. Sont-ce les ventes insuffisantes qui ont poussé à ne pas publier les deux derniers ?
Ah le Cycle des Epées... Toute ma jeunesse de découverte ! Et que je relis de temps en temps avec grand plasir.
RépondreSupprimerPour les deux derniers tomes, je ne sais pas si c'est une question de vente, mais ils sont vraiment médiocres.
Ce qui serait interressant c'est de voir les différences de traductions entre la version pocket et la nouvelle version Bragelonne.
Argh ! La nouvelle traduction est horrible. Bragelonne a bêtement modernisé (pour ne pas dire infantilisé) un style qui n'avait pas besoin de l'être. Et rééditer en grand format à prix lourd des bouquins précédemment parus chez Pocket, c'est du foutage de g*****. J'ai toujours déconseillé cette édition et je continuerai longtemps.
RépondreSupprimerÀ l'inverse de Conan pour lequel la réédition Bragelonne est indispensable, cette réédition est un échec et n'a pas rencontré le succès espéré. L'éditeur a d'ailleurs retardé - mais pas annulé malheureusement - la parution des deux derniers tomes.
Amateurs de fantasy, faîtes l'effort de chercher la vieille édition Pocket, elle est moins facile à dénicher mais en vaut largement la peine.
(Pensez également à lire le comic adapté des meilleurs récits du cycle des épées. Delcourt en a proposé la traduction il y a peu et a eu la sagesse d'opter pour la traduction de Pocket. Le dessin est signé Mike Miglola, son style épouse parfaitement l'ambiance sword & sorcery.)
Double argh ! Il est regrettable de ne pas pouvoir éditer un commentaire. Il fallait bien entendu lire : Mike Mignola. >_<
RépondreSupprimerProcure toi la trad. originale. Facile à trouver chez les bouquinistes. Le cycle des épées c'est vintage, modernisé c'est naze ;-)
RépondreSupprimerMon avis sur les quatres premiers volumes http://efelle.canalblog.com/archives/2009/06/27/14221198.html
RépondreSupprimerPour avoir lu la première partie du cycle en VO et feuilleté vite le tom 5 VF, je ne suis pas convaincu que la traduction de Bragelonne soit si atroce... Plus qu'infantilisé j'aurais plutôt dit fluidifié.
Sinon de mémoire les tomes 6 et 7 sont très mauvais, je ne compte pas les relire un jour. Ma lecture adolescente initiale me suffisant.
Je vous trouve effectivement bien méchants avec l'édition de Bragelonne. Sans l'avoir comparée à celle de Presses Pocket, la nouvelle traduction me convient bien assez.
RépondreSupprimermoi je m'en tape des commentaires, mais j'adore l'humour de ce blogs....
RépondreSupprimerRenaud le maitre de l'A.L.C.D.F
Franchement pas d'accord avec votre vision du cycle, pour moi Leiber c'est tout sauf l'heroic fantasy de papa... Un truc mordant, débarassé des poncifs (pas de vengeance, de trone usurpé, de secret terrible ou de prophécie, ni de monde à sauver), un truc qui ferait un bide au bingo (désopilant et tragique en même temps) proposé quelques pages plus bas. Des idees me semblent encore novatrice de nos jours (comme le principe de la street of gods) Et puis j'ai rarement rencontré au fil de mes lectures des persos comme fafhrd et le souricier, heroiques sans le vouloir ou crapuleux et mesquins, parfois revoltants de vices (le souricier est limite pédophile) et parfois si humains. Si j'ajoute que j'adore les deux derniers tomes, notre désaccord est total. ^^
RépondreSupprimerMaximilien, pour moi "la sword & sorcery à papa" ne se voulait pas une expression négative. Je suis tout à fait d'accord avec toi, Leiber a été très inventif et n'a pas accouché des poncifs dont bon nombre d'auteurs ont abusés depuis.
RépondreSupprimerMoi je me souviens avoir beaucoup aimé ces bouquins en tout cas. Ca fait un peu longtemps que je les ai lus, mais j'en garde un très bon souvenir, en particulier l'aspect un peu anti-héros des deux personnages principaux, voleurs, menteurs, etc.
RépondreSupprimer"je me méfie toujours un peu des classiques"
RépondreSupprimerPourtant, j'ai beaucoup de mal à trouver des auteurs actuels ayant le talent de Leiber, de Howard ou de Tolkien (entre autres).
Il y en a évidemment, mais ce sont généralement ceux qui ne se contentent pas de pondre le x-ième ersatz des dits classiques.
Alors, un conseil : lisez les originaux et méfiez-vous des copies...
J'ai également peur des classiques de Fantasy. Comme si cela avait mal vieilli... en fait peut-être que non, mais dans l'imaginaire commun on en a laissé que des clichés lourdingues (les films du grand écran peut-être?). Cela dit les livres de Leiber me tentent depuis longtemps... mais l'oeuvre en poche est tout simplement dégueulasse niveau artwork. Mieux chez Bragelonne. Plus cher aussi. Mais le poche semble épuisé!!! Pfff. En même temps je lis que la traduc neuve est pourrave... Cruel dilemme. Du beau avec moins bon texte... ou du vieux (à prix de neuf en belle édition vu que épuisé) avec un meilleur texte? Pfff en même temps à 30 ans... va falloir que je lise ce Saint Texte! ;-) Sinon j'aurai l'air de quoi moi... Bon peut-être que je lirai Conan avant? Faut bien se taper l'Ancien Testament Fantasy un jour hein! Merci pour la chro et vos avis!
RépondreSupprimerQuand on pense que Leiber a créé ses personnages de Fahrd et du Souricier Gris en 1934 ! Je m'étonne toujours de la modernité de ses écrits. Pour moi, Leiber a été un choc dans ma jeunesse !
RépondreSupprimerA.C. de Haenne
Je peux confirmer que cette traduction est horrible, ayant acheté la VO pour vraiment comparer. C'est traduit par dessus la jambe, certains pans de phrase disparaissent, les détails sont gommés dès qu'ils demandent un peu de difficulté à transcrire en langue cible. Presses Pocket forever mes messieurs dames
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