Conan - Les Clous rouges


Après Le Cimmérien et L'Heure du dragon, fin de l'intégrale Conan avec Les Clous rouges.
Comme souvent avec Robert E. Howard, c'est un peu les montagnes russes : l'anodin côtoie le génial. Les nouvelles s'enchainent sans toujours tutoyer l'excellence, mais le lecteur est toujours dépaysé et en a pour son argent. Même quand Howard n'est pas inspiré, on a droit à de la violence et des femmes dont le QI est proportionnel à la surface de tissu qui cache leurs appâts.

Ce rapport à la sexualité est d'autant plus fascinant que Howard est persuadé d'écrire des trucs très sexualisé. Il est tout fier d'annoncer à Lovecraft qu'il a abordé le lesbianisme dans une nouvelle, alors que franchement... c'est d'une pudibonderie à toute épreuve. Bon, remis dans son contexte des années 30, c'est sans nul doute une transgression, mais avec le recul c'est savoureux. D'ailleurs, le bon Howard a des théories sur la décadence des civilisations qui est peu flatteuse pour notre société actuelle. Pour lui, la dépravation du sexe (dont le lesbianisme) est un signe annonciateur de la chute d'une nation : la barbarie ne tardera pas à reprendre ses droits. De là à penser que les invasions barbares chères à Denys Arcand vont commencer, il n'y a qu'un pas que je ne vais pas franchir car ce n'est pas le but de ce blog.

J'ai déjà tout dit sur ce qui m'a fasciné chez Conan, sur la trahison de Lin Carter et Sprague de Camp qui ont massacré le cycle, sur l'image d'Épinal du barbare créée par le cinéma. Il reste un truc donc je souhaite parler : les illustrations. Je milite pour le retour de l'illustration dans publications. J'adore quand un roman est illustré, ça décuple mon plaisir de lecture. Or Conan, c'est aussi des gens de talents qui ont su donner vie à cet univers.


Bon là, visiblement, c'est un mauvais exemple. Un scorpion géant et un golem d'encre noir, c'est pas ce qu'il y a de plus évocateur du vrai Conan. Non, je parle de gens de talent comme Boris Vallejo qui ont saisi la dimension du mythe cimmérien avec des couvertures puissantes :


Mais je ne sais pas, je suis immanquablement attiré par les horreurs conaniennes, comme cet exemple de massacre graphique signé Nestor Redondo. Un hymne à la laideur :


Je ne sais pas ce que valent les histoires des publications actuelles des comics dédiés à Conan, mais en tout cas, j'aime ce style des couvertures (qui n'est pas une campagne de pub pour l'avortement, contrairement à ce que l'on pourrait croire de prime abord) :


Je ne peux m'empêcher de polluer ce blog avec des couvertures de comics pathétiques, j'ai une forme mutante du syndrome de la Tourette :


Conan et les extraterrestres (feat. la caverna de la muerte !)


Conan visite l'île de Paques


Conan fait de la lutte avec un démon rose à pinces


Red Sonja ou comment le string de mailles a libéré la femme dans les années 60

Il y a des centaines de couvertures de ce genre qui prouvent une chose : Conan est l'œuvre littéraire qui aura été la plus trahie dans l'histoire. Jamais on aura autant dénaturé un personnage. Il fallait boire à la source des textes d'Howard pour voir le vrai visage de Conan et comprendre la courte vie de son créateur. Un grand merci à Patrice Louinet qui m'a permis ce voyage initiatique en Aquilonie, sur la rivière Tonnerre ou dans ces temples en ruines. Ça a été une foutue belle aventure en trois volumes.

Commentaires

  1. Pas sympa, tes remarques sur les comics Conan qui ont pourtant été réalisés par des pointures comme John Buscema ou Barry Windsor Smith, que tu railles allègrement ici.

    Je pourrais tout aussi bien te sortir des illustrations ridicules de Vallejo.
    Et puis tant qu'à faire, tu aurais dû citer Frazetta, bien plus dans le ton .

    On voit que tu as bien lu les romans, mais que tes connaissances dans le domaine des adaptations comics sont plus limités. Essais par exemple, les intégrales sorties ces dernières années aux Editions Panini, ou bien le tome La Tour de l'Elephant, qui te montreront un peu plus que ces adaptations ne sont pas aussi pitoyables que cela.

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  2. Depuis quand faut-il s'y connaître dans un domaine pour pouvoir en parler sur un blog ?

    Je n'ai jamais prétendu connaître le milieu du comics conanien, je ne fais que me moquer du kitsh de certaines couvertures.

    Ma dernière lecture d'un comics sur Conan remonte à il y a 20 ans : le barbare était accompagné par un type manchot à la barbe rousse et les deux se battaient contre des hommes-plantes qui prenaient l'apparence de femmes lascives à gros seins.

    Mais je suis preneur de références s'il y a des BD conan qui respectent le "canon" howardien.

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  3. Mouais, je suis toujours allergique à Howard pour le moment...

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  4. "Depuis quand faut-il s'y connaître dans un domaine pour pouvoir en parler sur un blog ?"

    Je n'ai jamais prétendu cela, je dis simplement que tu n'as pas été très objectif, pour le coup. Y'avait un côté "tiens je vais bien me foutre de leurs gueules, à ces comics pourris" qui m'a dérangé. Y'a moyen de mettre des commentaires, je commente en espérant attirer l'attention là-dessus. Point.

    "Je n'ai jamais prétendu connaître le milieu du comics conanien,..."
    J'ai vu.
    "... je ne fais que me moquer du kitsh de certaines couvertures."
    Super, mais tu aurais pu aussi parler des couvertures plus réussies.

    "Ma dernière lecture d'un comics sur Conan remonte à il y a 20 ans : le barbare était accompagné par un type manchot à la barbe rousse et les deux se battaient contre des hommes-plantes qui prenaient l'apparence de femmes lascives à gros seins."
    Facile.
    Remarque, certaines nouvelles d'Howard ne volent pas forcément plus haut non plus, et tu es le premier à l'admettre.
    Et puis la référence que tu cites, Vallejo, tombe justement assez souvent dans le "n'importe quoi à gros seins"... Et si j'étais précis, j'ajouterai que Vallejo est peintre/illustrateur (de couvertures) et pas dessinateur de comics. Le premier a beaucoup plus de temps pour bosser que le second (ben oui, 24 pages/mois + une couv, faut les sortir). Comparons ce qui est comparable.

    "Mais je suis preneur de références s'il y a des BD conan qui respectent le "canon" howardien."
    Tu peux essayer de jetter un oeil aux références que j'ai donné.

    Bon, cela dit, y'a pas matière à un débat. J'ai réagit parce que je suis en général assez d'accord avec les opinions exprimées ici. Mais pour le coup, connaissant un peu les comics "conaniens", je t'ai trouvé un peu dur dans la boutade, et pas très objectif.

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  5. Je reconnais que se moquer des couv' des vieux comics Conan, c'est un "cheap shot" comme disent les Chinois.

    Je vais regarder la production actuelle et je reviendrai sur ce dossier.

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  6. moi j'aime bien quand vous vous moquez !! plus il y a de la vanne plus j'adore !

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  7. Ces couvertures m'ont toujours beaucoup fait rire, pauvres hommes... les textes d'Howard aussi d'ailleurs, je trouve avant tout ça très drôle... pendant dix pages, je ne peux pas aller au-delà sans être rongée par l'ennui et le vide intersidéral de ces textes (bon d'accord, je ne reviendrai plus !)

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  8. Anonyme24/9/09

    Le cycle actuel édité par Dark Horse suit de près les récits de Howard et tentent d'illustrer les aventures du Cimmérien dans l'ordre chronologique des histoires, en remplissant les trous.

    J'ai embarqué il y a 2 ans environ et je suis devenu fan dès les premiers tomes, The Frost Giant's Daughter et The Tower of the Elephant.

    Maintenant je lis tranquillement l'édition centenaire de Howard en VO, en attendant le prochain recueil de DH.

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  9. Moi ce qui me fait rire c'est que la couv de Vallejo (qui est un bon technicien mais pas un génie) est complètement repompée sur Frazetta.

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