La mort, entre autres se déroulait en 1949. Nous retrouvons
donc logiquement notre Bernhard Gunther en 1950, sauf que notre détective privé
a dû s’exiler en Argentine pour des raisons qu’il ne me revient pas de vous
raconter. Avec d’autres SS en goguette, il découvre la dictature chic de Juan Domingo Perón.
Et très vite, Bernie se retrouve embarqué dans des histoires de police secrète
et de recherche de personne disparue, sa spécialité. Sauf que son enquête l’oblige
à aller poser des questions à des nazis en cavale qui n’ont pas envie de s’étaler
sur leur bilan. Et la dictature argentine n’est pas non plus de tout repos, même
si en apparence elle est bien moins cruelle que le IIIe Reich.
L’intrigue est divisée entre deux trames temporelles, car
son enquête à Buenos Aires est liée à un vieux cold case de Berlin en 1932 quand Bernie était sur les traces d’un
assassin qui massacrait des jeunes filles puis procédait à l’ablation de leur
salle de jeu intime. C’est donc l’occasion pour Philip Kerr de faire le grand
écart entre le Berlin à la veille de la prise du pouvoir par les nazis et l’Argentine
post-guerre où Sobibor semble si lointain. Dans chacune des époques, Bernie
trimballe sa carcasse et son cynisme, prend une dérouillée et tombe amoureux d’une
belle nana. C’est réglé comme du papier à musique.
Sans doute est-ce parce que j’ai enchaîné deux romans de la
série, mais j’ai ressenti une lassitude en lisant cet épisode argentin. Bernie
qui fait le finaud face aux nazis en reconversion. Bernie qui déclame quelques
banalités contre la guerre. Bernie qui se noie dans les yeux d’une belle brune…
Ça commence à sentir le réchauffé. Surtout que l’auteur en profite pour placer des
caméos avec quelques célébrités nazies sans que ça soit très intéressant (même
si c’est, comme toujours avec Kerr, réaliste d’un point de vue historique). Mais
surtout, en faisant le va-et-vient entre le 1932 berlinois et le 1950 argentin,
il n’a pas le temps d’approfondir ces deux décors. Il y a beaucoup à raconter
sur la montée en puissance d’Hitler, mais Kerr est obligé de faire de résumé
grossièrement les évènements. Idem, l’escapade en Argentine est finalement très
fade car on en apprend peu sur le pays en dehors de trois clichés
sud-américains. La dictature de Perón et d’Evita est grossièrement
peinte, faute de place. Chacune de ses deux périodes et ambiances aurait mérité
un volume dédié.
Je vais donc mettre la pédale douce sur la série pour
retrouver plus tard le plaisir de suivre Bernhard Gunther, car il reste 3
romans (dont deux non traduits en français).
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai lu la "Trilogie berlinoise" que j'ai trouvé d'excellente facture, tant au niveau de l'intrigue policière qu'en ce qui concerne le contexte historique. Je m'aperçois, grâce à vos deux derniers billets, que cela vaut le coup de continuer la série (on a parfois peur d'être déçu).
A bientôt.