Tom Jefferson est un
tueur, un vrai. Un type qui a eu des heures glorieuses en Corée comme tireur d’élite
et qui maintenant travaille par contrat pour la CIA, la pègre ou quiconque est
assez friqué pour se permettre de l’engager. Et quand le roman débute,
Jefferson est en embuscade pour flinguer un nazi à Buenos Aires. C’est 1960, ça swingue pas mal au niveau
international. Et des gros pontes de Vegas lui demandent un truc peu ordinaire :
une étude de faisabilité. Sa cible : Castro, qui agace prodigieusement la
CIA, certes, mais a fait très mal financièrement à la mafia en fermant les
lucratifs casinos cubains. Alors Tom débarque à la Havane pour voir si le
passage à l’acte est faisable pour un professionnel comme lui.
Et très franchement,
pour du Philip Kerr, c’est lourdingue. Le baroudeur qui ne cille pas devant le
danger, qui sodomise de jolies femmes quand il n’est pas le destinataire d’autres
faveurs sexuelles et qui nage en eaux troubles, c’est bourratif. L’auteur vous
abreuve de noms d’hôtel, de marques d’alcool et de noms de personnages pour
vous dépeindre ça comme dans un James Bond à l’ancienne, mais ce personnage à
la Jean-Paul Belmondo dans les années 80 est bien fadasse. C’est peinturluré au
rouleau, et on est bien loin de la qualité d’écriture et de construction de la
trilogie berlinoise.
Et puis au milieu du
bouquin, il y a un retournement dans l’intrigue. Pas un truc à vous renverser,
mais suffisamment inattendu pour surprendre le lecteur un peu ensuqué par la
torpeur des clichés sur les années 60. Ce twist, j’ai envie de ne pas vous en
parler, car je suis un mec bien, mais ce crétin d’éditeur a bien moins d’égards
pour nous car il vend la mèche dès la couverture en vous montrant JFK et Jackie
en promenade dans une décapotable. Forcément, un tireur d’élite, Castro, les
années 60… que d’appels du pied.
Au final, on se
retrouve avec un roman proposant une thèse marrante, mais pour en profiter, il
faut se fader un pensum peu subtil qui s’amuse
heureusement à ridiculiser les services secrets, la CIA, le FBI et tout le
tintouin. C’est dommage, en débarrassant l’intrigue de tout l’habillage
machiste à deux balles, on aurait une sorte d’histoire digne des frères Coen
avec des espions pathétiques, des assassins qui ne sont pas ceux qu’ils
semblent être, des mafieux qui font un peu pitié… Mais c’est écrit avec un sérieux déplorable.
Après avoir lu _American Tabloid_ d'Ellroy, j'ai l'impression d'avoir lu tout ce qui peut être lu sur les années 60, Cuba, JFK, Hoover & co.
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