Avertissement : ce livre est l’un des cinq finalistes du prix Horizons imaginaires. Or il se trouve que mon propre roman « Et si le
Diable le permet » fait lui aussi partie de la compétition. J’ai donc
décidé de lire les livres de mes quatre rivaux pour me faire ma propre idée.
Spoiler alert : comme ce sont des gens avec qui j’ai mangé des petits
fours et bu des canons lors de la soirée de lancement (et que je suis amené à
les recroiser dans notre microcosme québéco-québécois), ne vous attendez pas à
une critique assassine mais à de la bienveillance confraternelle. Sauf que j’ai
quand même méchamment envie de gagner.
Or donc, La Chambre verte de Martine Desjardins
est une petite saga familiale (250 pages) racontant les vicissitudes de la
famille Delorme dans le Montréal des années 50. Les Delorme vouent un culte
religieux à l’argent et sont donc des pingres animés d’une fascination malsaine
pour tout ce qui est pécuniaire. Propriétaires d’un immeuble dont ils louent
les appartements, ils vont faire la connaissance de la jeune Penny, une jeune
rentière venue louer un appartement et que les époux Delorme vont rapidement
vouloir marier à leur enfant unique, Vincent, afin de mettre la main sur son
pactole et agrandir ainsi la sainte réserve de la famille. Le tout avec moult
flashbacks venant expliquer les origines de l’avarice maladive de ce couple et
la loufoquerie des trois belles-sœurs qui servent de ressort comique.
Ce n’est
pas compliqué, le culte de la cupidité des Delorme est directement phagocytable
pour du Unknown Armies ou de l’Appel de Cthulhu. Ils ont toute une petite
liturgie à recycler en jeu, c’est du clef-en-main. D’ailleurs le titre même
fait très « Le Mystère de la chambre verte », ce qui tout de suite
évoque tous les ingrédients d’un bon vieux whodunit
des familles.
L’histoire
est racontée de manière originale par la maison de famille, qui est témoin des
économies de bout de chandelle de tout ce petit monde et commente la situation.
L’idée est excellente, on s’attache vite à cette vieille bâtisse qui assiste
impuissante à sa propre décrépitude (car bien évidemment, les Delorme refusent
de dépenser quoi que ce soit pour assurer l’entretien de leur demeure). J’ai
toutefois été un peu déçu par le rôle finalement anecdotique de cette
narratrice. Mais c’est vraiment pour dire de chipoter car cette lecture a
vraiment été plaisante. Les détestables Delorme sont plus vrais que nature,
nous avons tous eu une vieille tante qui, après Noël, repassait le
papier-cadeau pour pouvoir le réutiliser ou dépliait l’aluminium entourant la
plaquette de mauvais chocolat avec délicatesse car elle voulait s’en resservir
pour emballer autre chose. Et bien imaginez que cette vieille tante rapiate se
soit mariée à un bonhomme aussi avaricieuse et qu’ensemble, ils deviennent
obnubilés par le numéraire. À en perdre leur santé mentale, même. À se croire
investis d’une mission au service de la Sainte Radinerie. Ce sont les Delorme.
Sur la récupération du papier des cadeaux de Noël :
RépondreSupprimerC'est pas de l'avarice, ça, c'est d'avoir grandi avec des grands-parents qui ont "fait la guerre". Je suis modérément atteint, mais ma douce épouse stocke des tonnes de bricolos inutiles parce qu'on pourrait, un jour, en avoir besoin.
Tu vois le couscous Gharbi, avec une boite de conserve en métal pour les légumes et la sauce et une boite en plastique pour la semoule ? À la maison, on en mangeait une fois par semaine et ma mère entassait ces boites en plastique dans un meuble dédié rien qu'à cet effet. Au cas où. Des fois qu'on en ait besoin. On sait jamais. Faut pas gâcher.
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