Une couverture indiciblement chargée |
• 20,000 Years Under the Sea, de Kevin J. Anderson, nous raconte comment le capitaine Nemo découvrit une cité sous-marine qu’il prit pour l’Atlantide, et ce qu’il en coûte de se tromper de mythe. La narration est un poil pesante. En revanche, la manière dont le capitaine Nemo est réinventé à l’usage des Américains modernes est très intéressante : l’auteur coche des cases de gauche et de droite en décidant qu’il s’agit d’un esclave évadé, qui avait été asservi par un méchant Arabe (répondant au nom improbable de « calife Robur », la principale raison pour laquelle il est arabe étant apparemment d’avoir un al-Azif dans sa bibliothèque de bord).
• Tsathoggua’s Breath, de Brian Stableford, est l’histoire délibérément archétypale, au moins au début, d’un héros qui part sauver un enfant capturé par un monstre, à l’époque où le Groenland était une colonie viking. Le héros est héroïque comme il faut, le développement pas tout à fait celui qu’on anticipe au départ, bref, elle se lit agréablement. Plus que la précédente, en tout cas.
• The Door Beneath, d’Allen Dean Foster, a un gros défaut : on voit venir la surprise finale au bout de deux paragraphes. J’ai espéré une contre-surprise jusqu’à la fin, et j’ai été déçu. Si on passe sur ce point, c’est une bonne histoire, à qui l’actualité du moment donne des résonnances un peu déprimantes.
• Dead Man Walking, de William F. Nolan, est une petite pulperie sans prétention, avec un sculpteur qui est mort mais peut-être pas, une épouse persuadée que feu son mari veut la tuer, un héros fort et silencieux, etc. On sent l’auteur qui a du métier et on prend un certain plaisir à le lire, mais c’est quand même à la limite du plaisir coupable qu’on éprouve quand on s’envoie une poignée de MiChoKo…
• A Crazy Mistake, de Nancy Kilpatrick, est l’histoire déprimante d’une narratrice dont le boulot est de chercher des informations pour les réalisateurs de navets… et qui, à partir d’une commande presque comme les autres, lève un très vilain lièvre et y laisse un gros morceau de sa santé mentale. Elle m’a bien plu.
• The Anatomy Lesson, de Cody Goodfellow, commence par nous raconter les difficultés qu’ont les étudiants en médecine d’Arkham pour trouver des sujets de dissection, avant d’aller s’ébattre joyeusement au milieu des goules. Le résultat, un peu décousu, se laisse lire sans déplaisir.
• The Hollow Sky, de Jason C. Eckhardt, nous apprend que le réchauffement climatique est l’œuvre des shoggoths, qui ont décidé d’éliminer non seulement l’humanité, mais toute vie terrestre. Le héros essaye de les en empêcher, bien sûr, et comme il se doit, il échoue et se retrouve à écrire son histoire pour essayer de convaincre un monde incrédule qu’on va tous y passer.
• The Last Ones, de Mark Howard Johnson, nous présente un folkloriste désireux d’étudier des pierres qui ne sont visibles que lors des marées basses d’équinoxe, sur la plage d’un petit village gallois. Il découvrira dans la douleur que le « saint Deigon » auxquelles elles sont consacrées n’est pas vraiment un saint… Une bonne histoire dans l’inusable catégorie du « protagoniste naïf qui découvre un inquiétant petit village ».
• A Footnote in the Black Budget, de Jonathan Maberry, est sous-titrée « Une aventure de Joe Ledger », ce qui me fait craindre qu’elle fasse partie d’une série. Je ne pense pas que ce soit ce qui était prévu, mais Joe et ses potes (dont un hacker génial qui opère depuis l’autre bout du monde), m’ont horriblement fait penser à L’Agence tous risques contre Cthulhu. Comme l’intention était plutôt deltagreenienne, je pense que ça compte comme un loupé.
• Deep Fracture, de Steve Rasic Tem, nous parle des périls de la fracturation hydraulique et de ce qu’elle risque de déclencher. C’est une histoire simple, à trois personnages, mais elle m’a bien plu – sans doute en partie par contraste avec les roulements de tambour de la précédente.
• The Dream Stones, de Donald Tyson, est un sympathique produit de série, où des étudiants se retrouvent à acheter un truc qu’ils ne devraient pas à un vagabond, et en payent le prix – un prix disproportionné, dans la bonne tradition des contes de fées. Je l’ai lue, mais un mois après, elle est déjà en grande partie oubliée.
• The Blood in My Mouth, de Laird Barron, est l’histoire d’un adolescent qui a de gros problèmes de gestion de la violence et qui rencontre exactement la fille qui n’est pas faite pour lui. Pour le coup, c’est une très bonne histoire, efficace parce qu’elle laisse entendre des choses. Comparés aux effets lourdement appuyés de la plupart des autres, c’est rafraîchissant… d’autant que l’auteur opte pour une perspective originale. Si si, c’est encore possible.
• On the Shores of Destruction, de Karen Haber, nous parle d’horreurs sur la côte du Texas. C’est une histoire plaisante, de qualité, mais prise en sandwich entre deux très bonnes histoires. Du coup, elle semble un peu pâlichonne, alors qu’elle aura sans doute brillé si elle avait été placé différemment.
• Object 00922UU, d’Erik et Greg Bear, raconte comment une expédition terrienne pénètre à l’intérieur d’un « objet » céleste inconcevable. On sait dès le début que ça va mal tourner, mais on ne se laisse embarquer, parce que Greg Bear…
The Blood in my Mouth et Object 00922UU sont excellentes. Je dégaine des mentions honorables pour The Hollow Sky et The Last Ones. Quoiqu’un peu plus oubliable, le reste est d’un bon niveau.
Une anthologie de TitanBooks, 298 pages, environ 13 €.
Commentaires
Enregistrer un commentaire