Mon prochain billet sera consacré à l'un de mes auteurs fantastiques favoris, Tim Powers. Celui-ci parle de l'un de mes auteurs de Fantasy favoris, Steve Erikson. Là encore, si vous ne connaissez pas ce nom, ce n'est pas faute de notre part de ne pas vous en avoir rebattu les oreilles depuis ce premier billet sur les Livres malazéens des glorieux défunts (Malazan Books of the Fallen). Ce cycle de Fantasy...
Oui ?
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Ah, on me fait signe dans le fond que je me trompe : l'auteur du livre dont je m'apprête à parler n'est pas Erikson, mais Esslemont. Et ça fait une sacrée différence, en fait. L'univers de ce cycle a été conçu par les deux auteurs, tous deux archéologues, comme univers pour leurs parties de JdR (de D&D, je crois). Chacun s'était attribué des personnages et une époque, et devait écrire son cycle. Erikson a déjà produit une impressionnante succession de pavés, et semble bien parti pour tenir sa promesse de faire une décalogie. Esslemont, occupé par sa thèse en littérature, a eu plus de mal à démarrer, mais a finalement publié Night of Knives, un one-shot décrivant les événements de la nuit où la régente Surly assassina le vieil empereur Kellanved et son partenaire Dancer, pour prendre le contrôle de l'empire malazéen. Un événement mythique dans l'histoire récente de l'univers, que Esslemont a choisi de nous faire vivre par le biais du témoignage d'un vétéran de l'armée, ancien compagnon d'armes de Dassem Ultor, et une jeune voleuse ambitieuse de Malaz City.
Oui ?
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On m'interrompt encore pour me demander qui sont tous ces personnages. Vous avez dû le deviner, ce bouquin est en effet illisible pour quelqu'un qui n'a pas déjà lu les romans d'Erikson. Inutile donc de l'acheter en se disant "j'ai rien entravé aux Jardins de la lune, celui-là est le premier par ordre chronologique, je vais commencer par là." Mauvaise pioche. Les Jardins de la lune, à côté, c'est aussi complexe qu'un roman Dragonlance. Car là où Erikson distille lentement, Esslemont (pour filer la métaphore) ferme le robinet et laisse le lecteur mourir de soif. Les deux personnages-témoins sont des seconds couteaux, et, pour ne rien arranger, n'assistent pas aux scènes attendues par le fan du cycle, mais croisent les personnages centraux avant ou après les événements historiques. Par exemple, la jeune voleuse assiste à la confrontation entre Kellanved et Surly planqué dans la pièce du dessous, et n'en entend que les bruits de pas à travers le plancher. Super... Les dialogues ressemblent à des trucs du genre "tu sais qui a fait tu sais quoi à tu sais qui, mais tu sais qui, parce que tu sais pourquoi, n'a pas fait tu sais quoi quand tu sais." Les scènes d'action s'enchaînent avec la plus parfaite gratuité, sans le moindre désir de créer ne serait-ce qu'un semblant d'escalade dramatique, et les clichés se succèdent - comme celui selon lequel un personnage n'est pas mort tant qu'on n'a pas vu son corps. Esslemont s'en fout, il s'astique comme un MJ ado plein de fantasmes de domination avec ses PNJ grosbills qui savent tout, font tout et humilient les autres.
C'est déjà mauvais, mais le pire vient des "secrets" révélés sur l'histoire malazéenne. Déjà, il y en a très peu, et ensuite ils sont nazes. C'est bien simple, je préfère faire comme si je ne les avais jamais lus. Et je préfère aussi ne pas prendre en compte la version des personnages, comme Dancer ou Tayschrenn, que présente Esslemont. Dans sa préface, Erikson précise que le bouquin de Esslemont n'est pas une fanfic. Heureusement qu'il le dit, sans ça c'est ce que tout le monde aurait pensé ! Enfin, tout le monde : je pense que ce livre ne sera lu que par des fans hardcore de cet univers, de toutes façons, et...
Oui ?
Bon, j'arrête là, OK, et je confirme : c'est à éviter, ça n'apprend rien et on s'emmerde. Ca ne m'empêchera pas de lire son Return of the Crimson guard, mais uniquement pour pouvoir vous en parler après, par pur altruisme, bien sûr ! Sachant que la "Crimson Guard" ressemble, quand elle est évoquée, à l'équivalent romanesque de Wismerhill et sa clique dans les Chroniques de la Lune noire (soit un compte-rendu de partie d'une campagne mettant en scène des bourrins invincibles), je ne me fais pas d'illusions...
Addendum
Laurine de Fractale Framboise donne un avis différent du mien, à cette adresse.
Merci pour ce retour. Je vais faire l'impasse. Faudrait que le reprenne le cycle principal, d'ailleurs.
RépondreSupprimerToll the Hounds sort le 1er juillet ! :) On y retrouve Darujhistan sur Genabackis. Un retour aux sources du 1er tome, mais avec tous les événements qui se sont succédés depuis ! Miam.
RépondreSupprimerle monde etait d'abord sous D&D puis apres sous GURPS
RépondreSupprimerbon sinon j'ai pas attaqué le cycle mais la traduc française est deprimante
il scinde les livres en deux avec 6 mois d'ecart entre les sorties ....
je ne suis pas d'accord avec toi !
RépondreSupprimerC'est ton droit le plus strict, mais voudrais-tu nous donner un point de vue un peu plus étayé ?
RépondreSupprimerVoila une chronique découverte tardivement et qui ne me donne pas envie de le sortir de la pile.
RépondreSupprimerEspérons que le Dust of Dreams d'Erikson annoncé pour mi août soit plus sympathique.
Je suis en train de lire son "Return of the Crimson Guard", et, à la moitié du bouquin, je suis presque d'un avis modérément positif.
RépondreSupprimerQuant à "Dust of Dreams", j'espère qu'il sera meilleur que Toll the Hounds, en fait.
Mais ce que j'attends avec le plus d'impatience, c'est le recueil des 3 nouvelles de ses deux nécromanciens fous : "Bauchelain and Korbal Broach: Three Short Novels of the Malazan Empire" :)