La nouvelle année est là, et avec elle son cortège de bonnes résolutions. Parmi celles-ci, figure en bonne place l'ambition de reprendre le travail sur notre projet Blanc-seing. Histoire de se remettre en selle, voici une nouvelle référence bibliographique. Cette 5e inspiration de notre travail en cours est l'occasion de rendre à César ce qui lui appartient. En effet, notre projet, qui a failli s'appeler "Au guet !" ou "A la garde !", lui doit beaucoup : difficile de ne pas penser à Pratchett quand on parle de miliciens dans une ville med-fan. (Les rares qui n'y ont pas pensé ne connaissent peut-être pas les Annales du Disque-Monde. Cela nous paraît inconcevable, mais si de tels extra-terrestres nous lisent, nous recommandons une lecture de la fiche de Wikipedia sur le sujet - voire une lecture de la Huitième couleur, le premier tome des Annales).
Replaçons brièvement dans le contexte : les Annales du Disque-monde comportent de nombreux personnages et thèmes, et certains sont récurrents, formant des "mini-séries" au sein des annales dans leur ensemble. C'est le cas du Guet d'Ankh-Morpork, qui est au centre des romans suivants :
Replaçons brièvement dans le contexte : les Annales du Disque-monde comportent de nombreux personnages et thèmes, et certains sont récurrents, formant des "mini-séries" au sein des annales dans leur ensemble. C'est le cas du Guet d'Ankh-Morpork, qui est au centre des romans suivants :
- Au guet
- Le Guet des orfèvres
- Pieds d'argiles
- Va-t-en-guerre
- Le Cinquième éléphant
- Ronde de nuit
- Thud (non traduit)
Ces romans sont ceux dont les hommes du guet sont les protagonistes, mais Vimaire et ses acolytes font des apparitions dans d'autres romans du cycle. On peut plus ou moins lire ces romans sans connaître le reste des Annales, même si l'on perd forcément de très nombreuses références.
Au guet !
Au début de ce roman, le guet d'Ankh-Morpork ne mérite pas le terme de "force de police" : d'une part, constituée d'un ripou, d'un alcoolique et d'un incapable, on devrait plutôt parler de faiblesse. D'autre part, la notion de police est étrangère à Ankh-Morpork, où la guilde des voleurs délivre des certificats aux cambrioleurs et fait souscrire des polices d'assurance aux victimes potentielles. L'arrivée d'une recrue naïve et enthousiaste, Carotte, et surtout l'existence d'une conspiration visant à fonder une nouvelle royauté en invoquant un dragon, vont changer ce triste constat.
Ce Pratchett très réussi ne mérite pas encore l'étiquette du sous-sous-genre qu'est "la fantasy policière". Le récit n'est pas structuré comme une enquête, et ni Vimaire ni ses hommes ne se comportent comme des policiers. De plus, la structure très particulière de la société d'Ankh-Morpork fait qu'il est impossible de réutiliser certains de ces éléments hors de leur contexte. Une bonne inspi pour GURPS Discworld, une lecture agréable, mais rien à se mettre sous la dent pour Blanc-seing.
Le Guet des orfèvres
Avec ce 2e roman, le Guet se structure davantage : il recrute et fait oeuvre de police dans la ville. De nouveaux personnages apparaissent, mais l'intrigue fait feu de tout bois, et à vouloir mélanger fantasy, parodie et polar, l'auteur réussit surtout à démontrer que l'un des ingrédients est de trop. La trame policière, très mince, sert surtout à véhiculer paresseusement le lecteur d'une scène potache à une autre. Bilan, un Pratchett qui ronronne, sans rien apporter de nouveau, mais qui amuse toujours.
Pieds d'argile
Premier roman de "fantasy policière" du cycle, Pieds d'argile est une véritable enquête du guet, construite classiquement avec suspense, coups de théâtre, fausses pistes, révélations de dernière minute, etc. Pratchett réussit à écrire un nouvel épisode du cycle tout en proposant une intrigue cohérente. Cette fois-ci, c'est l'élément parodique qui a disparu de l'équation, et le lecteur, s'il sourit souvent, aura peu d'occasions de rire. Exbrayat écrivait des polars bien plus burlesques, mais qui nous intéressent moins puisqu'ils ne se déroulent pas dans des décors med-fan. Alors que là, dans Pieds d'argile, tout est bon à prendre : les questionnements sur la nature fantastique du meurtrier, les méthodes de médecine légale, les rapports de la police avec le pouvoir en place - très différents de ceux qu'on connaît dans une démocratie contemporaine, les relations avec les différentes minorités ethniques, etc. Par rapport à Blanc-seing, la seule différence est le côté somme toute "low-fan" d'Ankh-Morpork : les magiciens restant cloisonnés dans l'université, la magie est en fait absente, et du décor, et de l'intrigue.
Va-t-en-guerre
Les lecteurs de Pratchett savent qu'il aime à choisir pour un roman un ou deux thèmes majeurs, qu'il décortique et transpose dans le Disque-Monde. Avec Pieds d'argile, on avait des clins d'oeil aux Robots d'Asimov, à l'intelligence artificielle, et au statut d'être intelligent. Ici, c'est la guerre et la diplomatie qui sont dans la ligne de mire de l'auteur. L'enquête est un prétexte pour lancer Vimaire et ses hommes dans l'aventure, et si l'on trouve s'amusera comme d'habitude des références à l'affaire JFK ou à R'lyeh, on ne pourra guère parler d'"Inspi JdR" - ce qui n'enlève rien à la qualité du livre, bien sûr.
Le Cinquième éléphant
Si le Guet dans son ensemble, et Vimaire en particulier, est le protagoniste du livre, ce roman ne se déroule pas à Ankh-Morpork : Vimaire, ambassadeur dans la version pratchettienne de la Transylvanie, fuit vampires et loups-garous à travers forêts enneigées et mines de graisse (antique). On en apprend beaucoup plus sur la famille d'Angua, mais ce livre ne fait pas partie des inspis de Blanc-seing.
Ronde de nuit
Un accident ramène Vimaire, duc et commissaire divisionnaire du Guet, bientôt père, dans son passé. Il se retrouve plus jeune et doit s'instruire lui-même pour mettre le grappin sur un meurtrier et éviter une rébellion sanglante (mélange de Commune et de Révolution d'octobre). Les amoureux d'Ankh-Morpork seront comblés par cet excellent millésime, moins délirant et plus... dramatique ? L'Ank-Morpork du passé est une ville sombre et dangereuse, et autant la traque du tueur que l'ambiance urbaine sont des sources d'inspis directes pour Blanc-seing. Pratchett commençait un peu à m'ennuyer, mais si les futurs romans sont de cet acabit, je vais raccrocher aux Annales !
"Portabilité"
Si l'on résume, on doit à Pratchett d'avoir été un "précurseur" de la fantasy policière en narrant les aventures de miliciens, et le résultat sont de bons bouquins, plutôt dans la très bonne moyenne des romans du Disque-Monde. Pour Blanc-seing, cependant, seuls Pieds d'argile et Ronde de nuit sont véritablement intéressants - au sens où ils méritent une seconde lecture avec de quoi prendre des notes en même temps. Rien que pour cela, Pratchett mérite une épigraphe en tête de notre futur bouquin - s'il paraît un jour, bien sûr !...
Au guet !
Au début de ce roman, le guet d'Ankh-Morpork ne mérite pas le terme de "force de police" : d'une part, constituée d'un ripou, d'un alcoolique et d'un incapable, on devrait plutôt parler de faiblesse. D'autre part, la notion de police est étrangère à Ankh-Morpork, où la guilde des voleurs délivre des certificats aux cambrioleurs et fait souscrire des polices d'assurance aux victimes potentielles. L'arrivée d'une recrue naïve et enthousiaste, Carotte, et surtout l'existence d'une conspiration visant à fonder une nouvelle royauté en invoquant un dragon, vont changer ce triste constat.
Ce Pratchett très réussi ne mérite pas encore l'étiquette du sous-sous-genre qu'est "la fantasy policière". Le récit n'est pas structuré comme une enquête, et ni Vimaire ni ses hommes ne se comportent comme des policiers. De plus, la structure très particulière de la société d'Ankh-Morpork fait qu'il est impossible de réutiliser certains de ces éléments hors de leur contexte. Une bonne inspi pour GURPS Discworld, une lecture agréable, mais rien à se mettre sous la dent pour Blanc-seing.
Le Guet des orfèvres
Avec ce 2e roman, le Guet se structure davantage : il recrute et fait oeuvre de police dans la ville. De nouveaux personnages apparaissent, mais l'intrigue fait feu de tout bois, et à vouloir mélanger fantasy, parodie et polar, l'auteur réussit surtout à démontrer que l'un des ingrédients est de trop. La trame policière, très mince, sert surtout à véhiculer paresseusement le lecteur d'une scène potache à une autre. Bilan, un Pratchett qui ronronne, sans rien apporter de nouveau, mais qui amuse toujours.
Pieds d'argile
Premier roman de "fantasy policière" du cycle, Pieds d'argile est une véritable enquête du guet, construite classiquement avec suspense, coups de théâtre, fausses pistes, révélations de dernière minute, etc. Pratchett réussit à écrire un nouvel épisode du cycle tout en proposant une intrigue cohérente. Cette fois-ci, c'est l'élément parodique qui a disparu de l'équation, et le lecteur, s'il sourit souvent, aura peu d'occasions de rire. Exbrayat écrivait des polars bien plus burlesques, mais qui nous intéressent moins puisqu'ils ne se déroulent pas dans des décors med-fan. Alors que là, dans Pieds d'argile, tout est bon à prendre : les questionnements sur la nature fantastique du meurtrier, les méthodes de médecine légale, les rapports de la police avec le pouvoir en place - très différents de ceux qu'on connaît dans une démocratie contemporaine, les relations avec les différentes minorités ethniques, etc. Par rapport à Blanc-seing, la seule différence est le côté somme toute "low-fan" d'Ankh-Morpork : les magiciens restant cloisonnés dans l'université, la magie est en fait absente, et du décor, et de l'intrigue.
Va-t-en-guerre
Les lecteurs de Pratchett savent qu'il aime à choisir pour un roman un ou deux thèmes majeurs, qu'il décortique et transpose dans le Disque-Monde. Avec Pieds d'argile, on avait des clins d'oeil aux Robots d'Asimov, à l'intelligence artificielle, et au statut d'être intelligent. Ici, c'est la guerre et la diplomatie qui sont dans la ligne de mire de l'auteur. L'enquête est un prétexte pour lancer Vimaire et ses hommes dans l'aventure, et si l'on trouve s'amusera comme d'habitude des références à l'affaire JFK ou à R'lyeh, on ne pourra guère parler d'"Inspi JdR" - ce qui n'enlève rien à la qualité du livre, bien sûr.
Le Cinquième éléphant
Si le Guet dans son ensemble, et Vimaire en particulier, est le protagoniste du livre, ce roman ne se déroule pas à Ankh-Morpork : Vimaire, ambassadeur dans la version pratchettienne de la Transylvanie, fuit vampires et loups-garous à travers forêts enneigées et mines de graisse (antique). On en apprend beaucoup plus sur la famille d'Angua, mais ce livre ne fait pas partie des inspis de Blanc-seing.
Ronde de nuit
Un accident ramène Vimaire, duc et commissaire divisionnaire du Guet, bientôt père, dans son passé. Il se retrouve plus jeune et doit s'instruire lui-même pour mettre le grappin sur un meurtrier et éviter une rébellion sanglante (mélange de Commune et de Révolution d'octobre). Les amoureux d'Ankh-Morpork seront comblés par cet excellent millésime, moins délirant et plus... dramatique ? L'Ank-Morpork du passé est une ville sombre et dangereuse, et autant la traque du tueur que l'ambiance urbaine sont des sources d'inspis directes pour Blanc-seing. Pratchett commençait un peu à m'ennuyer, mais si les futurs romans sont de cet acabit, je vais raccrocher aux Annales !
"Portabilité"
Si l'on résume, on doit à Pratchett d'avoir été un "précurseur" de la fantasy policière en narrant les aventures de miliciens, et le résultat sont de bons bouquins, plutôt dans la très bonne moyenne des romans du Disque-Monde. Pour Blanc-seing, cependant, seuls Pieds d'argile et Ronde de nuit sont véritablement intéressants - au sens où ils méritent une seconde lecture avec de quoi prendre des notes en même temps. Rien que pour cela, Pratchett mérite une épigraphe en tête de notre futur bouquin - s'il paraît un jour, bien sûr !...
Biblios précédentes
n°4 : Nouvelle-Crobuzon
n°3 : Vlad Taltos
n°2 : Lord Darcy
n°1 : Hawk & Fisher
La liste oublie "Discworld Noir", un jeu vidéo issu des romans (le troisième en fait) où un ancien membre du guet est devenu détective privé et doit résoudre plusieurs enquêtes s'enchevêtrant.
RépondreSupprimerEffectivement, je n'en ai pas parlé. Je ne citais que les romans. J'ai essayé ce jeu vidéo (celui-ci et le 2e, je crois), mais c'est bien trop dur pour moi, pauvre noob.
RépondreSupprimerAh oui, ok, je comprends mieux une telle convergence de point de vue devient inquiétante finalement... ;)
RépondreSupprimerJeu de nains vaut le détour surtout dans le cadre d'une enquête !
Hors-sujet : rouvrir ce billet me fait retomber sur le 1er § "La nouvelle année est là, et avec elle son cortège de bonnes résolutions. Parmi celles-ci, figure en bonne place l'ambition de reprendre le travail sur notre projet Blanc-seing." Ahem...
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