Cet été, y'a du lourd : deux gros pavés de plusieurs tads dans l'univers de l'empire malazéen, chacun écrit par l'un des deux compères : Return of the Crimson Guard par Esslemont et Dust of Dreams par Erikson (qui garde son rythme d'un tome par an depuis plusieurs années !!!), à paraître dans quelques jours.
Return of the Crimson Guard, donc. Après m'être ennuyé sur l'intrigue poussive de Night of Knives, je n'étais pas trop pressé de lire le 2e roman d'Esslemont dans leur univers partagé. Finalement, j'ai cédé avec la parution en poche, en me disant que, s'il était de la même taille que Night of Knives, il serait vite expédié. Surprise, Esslemont, peut-être voulant quitter son statut de Poulidor de son copain Erikson, a produit un pavé du double de la taille du précédent et sur lequel j'ai passé une bonne partie de mon été.
Contrairement à Night of Knives qui se situe chronologiquement au tout début de la saga, Return of the Crimson Guard est à lire entre The Bonehunters, à la conclusion duquel, sur l'île de Malaz, il est fréquemment fait allusion, et Reaper's Gale et Toll the Hounds. C'est donc pas par celui-ci que l'on peut aborder le cycle, donc je renvoie les lecteurs un peu perdus à nos précédents billets sur ce sujet : tous sont étiquetés Malaz, donc il suffit de les balayer par ordre chronologique.
L'histoire se déroule sur le premier continent conquis par les forces malazéennes, qui jusqu'ici n'avait pas encore été décrit. On découvre donc toutes les villes dont nombre de personnages du cycle était originaires : Unta, Quon Tali, Cawn, et des lieux comme les plaines Seti. Ce sentiment de familiarité est le même question personnages, car beaucoup de membres de la vieille garde impériale, nommés mais jamais croisés, sont parmi les personnages principaux du livre, comme Toc l'Ancien ou Urko.
L'intrigue générale du livre est ultra-simple (de même que les motivations de chaque protagoniste) : à ce stade du cycle (on est juste après the Bonehunters, rappelez-vous), l'impératrice commence à être sacrément affaiblie, entre le massacre de ses Griffes, ses forces coloniales à l'autre bout du monde, et ses armées en déroute. Sentant tourner le vent, de nombreux groupes décident de se lancer à l'attaque de l'empire malazéen : d'anciens officiers de l'empereur (la fameuse "vieille garde"), les setis, mais aussi la Garde Cramoisie à laquelle le titre fait évidemment référence. S'ajoutent à cela des complots internes menés au sein du pouvoir, et ceux des forces cosmiques omniprésentes - impossible de traverser un Labyrinthe sans croiser deux Soletaken et un Ascendant.
Comme avec Erikson, il s'agit un roman de choral-fantasy, avec de multiples points de vue. Chaque chapitre - assez long - présente à un instant donné ce que vivent chacun des personnages choisis par l'auteur pour présenter l'intrigue, et le tout ressemble à un kaléidoscope sans grande cohérence jusqu'à ce que, peu à peu, on comprenne où l'auteur veut en venir - à peu près vers la tiers du bouquin. Sachant que le dernier tiers est occupé par la description d'une immense bataille,toutes les quelques révélations et les quelques nombreux mystères sont à peu près tous concentrés dans le milieu du livre, celui qui se lit le mieux. Non que la scène de bataille soit mal foutue, mais le cycle est déjà riche en batailles hautes en couleurs, et non seulement celle-ci semble un peu trop jouer la surenchère, mais aussi la longueur donne l'impression que l'auteur délaye pas mal. Sans compter que le final où tous les personnages se retrouvent, ressemble un peu à la dernière scène d'une pièce de Molière, mais dans laquelle on se tronçonne à l'arme blanche et on se lance à la gueule des munitons moranth.
Niveau style, Esslemont est à ce point proche d'Erikson qu'il copie même ses travers : les biffins sont tous des durs-à-cuire à l'ironie mordante, des personnages mystérieux apparaissent, émettent des propos sybillins, et disparaissent. Ceci dit, il ne présente pas les tics les plus récents et les plus prononcés d'Erikson : la tendance à la philosophie de comptoir, le niveau de langage soutenu présent uniformément chez tous les personnages, et la manie de faire subir des viols à tous les personnages féminins - en fait, Return of the Crimson Guard présente d'innombrables scènes de massacre, mais aucune de sexe. Esslemont est plutôt pudibond, ce qui est étonnant pour un auteur qui fait du "gritty".
Mais s'il n'a pas tous les défauts d'Erikson, il n'a pas non plus toutes ses qualités : ses personnages ne sont pas tous aussi réussis les uns que les autres (Ghelel est inutile et insipide), ses tentatives d'humour moins réussies, et aucune des scènes du livre ne fera partie des scènes grandioses qu'Erikson a réussi de son côté à composer. Il y a même des pétards mouillés : l'apparition d'Anomander Rake, ou la concentration de mages sur le champ de bataille que tout le monde redoute, mais qui finit par accoucher de quelques effets pyrotechniques bien moins meurtriers que les troupes d'élite de la Garde Ecarlate, les "avowed".
Mais ne boudons pas notre plaisir : malgré mes réserves, le livre est réussi, se lit très bien, et les différents personnages à peu près aussi intéressants les uns que les autres (à l'exception de Ghelel, sous-employée). Au final, ce roman est tellement imbriqué dans la série d'Erikson, et Esslemont a un style tellement proche de celui de son compère, que le livre devrait être considéré comme le 11e tome de la décalogie et lu comme tel, après the Bonehunters. Même s'il ne fait pas partie des meilleurs du cycle, il est certainement bien plus réussi que Toll the Hounds, par exemple. En tous cas, j'ai pris suffisamment de plaisir à le lire pour envisager de lire les autres bouquins d'Esslemont dans l'univers de l'empire malazéen.
Car il y en aura d'autres, et bien d'autres ! Esslemont a signé pour 5 livres dans cet univers, donc il y en aura encore 3 après Return of the Crimson Guard. Je crois que le suivant mettra en scène notamment Greymane et Iron Bars, et se déroulera sur Korelri. Quant à Erikson, il a signé pour une nouvelle série de 9 tomes. Avec le recueil de nouvelles sur Bauchelain et Broach, ça porte donc à terme, à 25 gros pavés le nombre de bouquins dans le même univers ! Il doit s'agir d'une espèce de record, non ?... Bob doit regretter de ne pas avoir signé ces auteurs... Surtout qu'avec le découpage en 2 en VF, ça va faire une cinquantaine de tomes : de quoi pulvériser Dragonlance !
NB : bien qu'ayant lu la VO, j'utilise dans ma critique les termes de la VF officielle, que vous pouvez retrouver ici.
Par ailleurs, vous pouvez lire ici la critique de Laurine sur le blog Fractale Framboise
Return of the Crimson Guard, donc. Après m'être ennuyé sur l'intrigue poussive de Night of Knives, je n'étais pas trop pressé de lire le 2e roman d'Esslemont dans leur univers partagé. Finalement, j'ai cédé avec la parution en poche, en me disant que, s'il était de la même taille que Night of Knives, il serait vite expédié. Surprise, Esslemont, peut-être voulant quitter son statut de Poulidor de son copain Erikson, a produit un pavé du double de la taille du précédent et sur lequel j'ai passé une bonne partie de mon été.
Contrairement à Night of Knives qui se situe chronologiquement au tout début de la saga, Return of the Crimson Guard est à lire entre The Bonehunters, à la conclusion duquel, sur l'île de Malaz, il est fréquemment fait allusion, et Reaper's Gale et Toll the Hounds. C'est donc pas par celui-ci que l'on peut aborder le cycle, donc je renvoie les lecteurs un peu perdus à nos précédents billets sur ce sujet : tous sont étiquetés Malaz, donc il suffit de les balayer par ordre chronologique.
L'histoire se déroule sur le premier continent conquis par les forces malazéennes, qui jusqu'ici n'avait pas encore été décrit. On découvre donc toutes les villes dont nombre de personnages du cycle était originaires : Unta, Quon Tali, Cawn, et des lieux comme les plaines Seti. Ce sentiment de familiarité est le même question personnages, car beaucoup de membres de la vieille garde impériale, nommés mais jamais croisés, sont parmi les personnages principaux du livre, comme Toc l'Ancien ou Urko.
L'intrigue générale du livre est ultra-simple (de même que les motivations de chaque protagoniste) : à ce stade du cycle (on est juste après the Bonehunters, rappelez-vous), l'impératrice commence à être sacrément affaiblie, entre le massacre de ses Griffes, ses forces coloniales à l'autre bout du monde, et ses armées en déroute. Sentant tourner le vent, de nombreux groupes décident de se lancer à l'attaque de l'empire malazéen : d'anciens officiers de l'empereur (la fameuse "vieille garde"), les setis, mais aussi la Garde Cramoisie à laquelle le titre fait évidemment référence. S'ajoutent à cela des complots internes menés au sein du pouvoir, et ceux des forces cosmiques omniprésentes - impossible de traverser un Labyrinthe sans croiser deux Soletaken et un Ascendant.
Comme avec Erikson, il s'agit un roman de choral-fantasy, avec de multiples points de vue. Chaque chapitre - assez long - présente à un instant donné ce que vivent chacun des personnages choisis par l'auteur pour présenter l'intrigue, et le tout ressemble à un kaléidoscope sans grande cohérence jusqu'à ce que, peu à peu, on comprenne où l'auteur veut en venir - à peu près vers la tiers du bouquin. Sachant que le dernier tiers est occupé par la description d'une immense bataille,
Niveau style, Esslemont est à ce point proche d'Erikson qu'il copie même ses travers : les biffins sont tous des durs-à-cuire à l'ironie mordante, des personnages mystérieux apparaissent, émettent des propos sybillins, et disparaissent. Ceci dit, il ne présente pas les tics les plus récents et les plus prononcés d'Erikson : la tendance à la philosophie de comptoir, le niveau de langage soutenu présent uniformément chez tous les personnages, et la manie de faire subir des viols à tous les personnages féminins - en fait, Return of the Crimson Guard présente d'innombrables scènes de massacre, mais aucune de sexe. Esslemont est plutôt pudibond, ce qui est étonnant pour un auteur qui fait du "gritty".
Mais s'il n'a pas tous les défauts d'Erikson, il n'a pas non plus toutes ses qualités : ses personnages ne sont pas tous aussi réussis les uns que les autres (Ghelel est inutile et insipide), ses tentatives d'humour moins réussies, et aucune des scènes du livre ne fera partie des scènes grandioses qu'Erikson a réussi de son côté à composer. Il y a même des pétards mouillés : l'apparition d'Anomander Rake, ou la concentration de mages sur le champ de bataille que tout le monde redoute, mais qui finit par accoucher de quelques effets pyrotechniques bien moins meurtriers que les troupes d'élite de la Garde Ecarlate, les "avowed".
Mais ne boudons pas notre plaisir : malgré mes réserves, le livre est réussi, se lit très bien, et les différents personnages à peu près aussi intéressants les uns que les autres (à l'exception de Ghelel, sous-employée). Au final, ce roman est tellement imbriqué dans la série d'Erikson, et Esslemont a un style tellement proche de celui de son compère, que le livre devrait être considéré comme le 11e tome de la décalogie et lu comme tel, après the Bonehunters. Même s'il ne fait pas partie des meilleurs du cycle, il est certainement bien plus réussi que Toll the Hounds, par exemple. En tous cas, j'ai pris suffisamment de plaisir à le lire pour envisager de lire les autres bouquins d'Esslemont dans l'univers de l'empire malazéen.
Car il y en aura d'autres, et bien d'autres ! Esslemont a signé pour 5 livres dans cet univers, donc il y en aura encore 3 après Return of the Crimson Guard. Je crois que le suivant mettra en scène notamment Greymane et Iron Bars, et se déroulera sur Korelri. Quant à Erikson, il a signé pour une nouvelle série de 9 tomes. Avec le recueil de nouvelles sur Bauchelain et Broach, ça porte donc à terme, à 25 gros pavés le nombre de bouquins dans le même univers ! Il doit s'agir d'une espèce de record, non ?... Bob doit regretter de ne pas avoir signé ces auteurs... Surtout qu'avec le découpage en 2 en VF, ça va faire une cinquantaine de tomes : de quoi pulvériser Dragonlance !
NB : bien qu'ayant lu la VO, j'utilise dans ma critique les termes de la VF officielle, que vous pouvez retrouver ici.
Par ailleurs, vous pouvez lire ici la critique de Laurine sur le blog Fractale Framboise
J'ai passé commande de Dust of Dreams, on verra bien ce qu'il donnera... Pour ICE j'attendrai la parution de quelques autres livres avant de franchir le pas, et puis je n'ai toujours pas lu Knight of the knives...
RépondreSupprimer1°) Night of Knives est complètement indépendant, tu peux ou non le lire > il raconte en effet la nuit de "l'assassinat" de Kellanved et Dancer.
RépondreSupprimer2°) Return of the Crimson Guard est tellement imbriqué dans la décalogie que tu peux le lire comme tel.
3°) J'ai lu que Dust of Dreams était, contrairement aux précédents tomes, la 1e partie de la fin, et n'a donc pas de conclusion mais finit sur un cliffhanger de la mort. Du coup, je l'ai commandé en poche seulement (sortie en novembre pour la version Bantam, en janvier pour la version Tor) parce que je ne vais pas me ruer dessus... Du coup, tu le liras probablement avant moi.
4°) Par contre, j'ai commandé le recueil en poche des nouvelles de Bauchelain et Korbal Broach ! :)
3) Amazon ne m'a donné de délais de livraison(en approvisionnement) mais ayant commandé la version relié je l'aurai lu avant en effet. J'ai lu l'interview d'Erikson où il explique cela. J'espère juste qu'on va éviter les intrigues qui tournent en rond et les visites de la pampa par le menu.
RépondreSupprimerThe Bonehunters et Toll the hounds m'ont refroidis mais il faut bien reconnaître que seul Toll the hounds est abusé et que tous le reste de la décalogie est excellent.
Je n'avais pas remarqué qu'une troisième novella était sortie ni qu'un recueil les regroupait maintenant toutes les trois. Et, comment ça, «volume one»? D'autres novellas sont prévues?
RépondreSupprimerJ'avais commencé à acheter la version française de la série d'Erikson jusqu'à ce que je me rende compte que Deadhouse Gates avait été scindé en trois volumes. Non seulement le procédé est vexant, mais il est aussi beaucoup trop onéreux pour le lecteur.
@ Efelle : même si la seule vraie mauvaise note est Toll the Hounds, Erikson est quand même sur une pente descendante depuis Reaper's Gale, je trouve. Espérons qu'il s'est repris !
RépondreSupprimer@ Laurine : oui, il y a 3 novellas, elles étaient introuvables, et les revoilà. Une 4e est annoncée, donc il s'agit peut-être d'un futur "volume two" ? Je ne savais pas que Deadhouse Gates était coupé en 3, c'est vraiment du foutage de gueule pire que chez Pygmalion. En plus, ça sort à une telle allure qu'on dirait qu'ils calligraphient les bouquins à la main ?...
Premier commentaire sur ce blog que je connais depuis quelque temps, et connu, en particulier après avoir recherché des chroniques sur Erikson et son univers. Je profite comme ça de cette critique de ROTCG pour "m'immiscer" dans le coin ^^
RépondreSupprimerEt bien pour ma part, lu l'année dernière au moment de sa sortie en grd format,j'en garde un bon souvenir mais je l'ai trouvé loin
des sommets d'un Memories of Ice, Midnight Tides ou de Toll the HoundS ( oui oui, chez moi, la fausse note, ça serait plutôt certaines parties de Reaper's Gale )
Tout ça tient à peu près pour les mêmes raisons évoqués, aussi bon que ce soit dans l'ensemble :
- pas de passages mémorables qui soutiennent le bouquin.
- des personnages qui détonnent ou paraissent fades par rapport au traitement chez le compère Erikson SPOILER( Skinner et Cowl qui n'ont pas l'air d'exister qu'avec une armure badass pour le premier et un attitude vaguement cruelle pour le second, pire que des persos de MMORPG O_o ), des membres de la Old Guard assez peu attachants, ... ) SPOILER
Enfin voilà, mon avis à quatre sous que j'abrège car le commentaire est déjà trop long pour dire que je suis à peu près d'accord avec la chronique commentée (et j'en rajoute)
J'ai également commandé Dust of Dreams qui sera dévoré quand je l'aurais reçu et après avoir terminé "CA" de Stephen King =)
Hé, Ratha, merci de ton message ! Je craignais que mes billets sur Erikson n'intéressent en fait que Efelle, Laurine, et moi, et qu'on ait avec ce groupe la totalité des lecteurs francophones du cycle en VO.
RépondreSupprimerJe suis totalement d'accord avec ton avis sur le caractère trop superficiel des trop nombreux personnages qu'Esslemont introduit : chez la Vieille Garde, à part Toc l'Ancien qui s'en sort un tout petit peu mieux que les autres, il n'y en a pas un pour rattraper les autres : Urko, on en entend bien plus parler qu'on ne le voit, par exemple. Et la Garde Ecarlate est aussi mal servie, seuls Iron Bars, Shimmer, Fingers et Blue ont droit à un traitement de faveur.
Peut-être qu'il a favorisé les personnages qu'il incarnait en tant que PJ dans leurs parties ? :)
@ Munin : oui, vous n'êtes pas les seuls lecteurs en VO de ce cycle mais bon, ma présence ne doit pas peser énormément ^^
RépondreSupprimerEnfin, je suis critique mais certains personnnages sont quand même réussis, comme Greymane, les persos que tu as évoqués et les soldats malazéens ( de mémoire, Nait, Hurl, Rell... ) sont très attachants ( mais bon, j'aurais préféré que la Vieille Garde dont on a tant vanté les mérites l'ait été aussi )
Après, le véritable problème vient peut être du contexte de ROTCG( Guerre civile, retour de la crimson guard et Old guard ) qui avait l'air tellement emballant et pouvait donner quelque chose du feu de dieu. A la place, on a un truc simplement bon et efficace. J'en attendais surement trop. Ceci dit, ce n'est que le deuxième bouquin publié d'Esslemont, on peut s'attendre à des progrès pour le prochain =)